Étiologie de la béance antérieure
Dans la littérature, les classifications étiologiques de la béance occlusale antérieure sont variables en fonction des auteurs. Pour tenter d’y voir plus clair, C. Rijpstra [1] en a fait une revue systématique qui fait évoluer certaines idées reçues et en précise les causes possibles.
L’une des croyances les plus courantes est que leur étiologie serait l’interposition de la langue ou la déglutition atypique. La langue doit oblitérer toute ouverture pendant la déglutition, afin d’empêcher la nourriture ou la salive de s’échapper ; c’est une nécessité physiologique, pas une habitude. Si la langue était la cause des béances occlusales antérieures, tous les « propulseurs de langue » présenteraient alors cette béance, ce qui n’est pas le cas, puisque seuls 10 % d’entre eux sont concernés. Par ailleurs, avec cette béance antérieure, un sujet doit interposer sa langue pour déglutir : c’est pourquoi la langue a été rendue responsable de cette malocclusion.
Autre idée fausse concernant l’étiologie des béances occlusales antérieures : l’obstruction des voies nasales et la ventilation orale. Bien que l’hyperplasie adénoïde, le gonflement allergique ou une autre forme de constriction des voies aériennes supérieures puissent entraîner une ventilation orale, seule une minorité des sujets développent une béance.
Il est important de classer ces béances en deux catégories : primaire et secondaire. La béance antérieure primaire se développe au cours de la croissance, la béance antérieure secondaire apparaît après la croissance ou après chirurgie orthognathique : elle est alors fortement liée à l’atteinte dégénérative condylienne. Selon Fushima [2], 60 % des patients avec une béance occlu- sale antérieure présentent un dysfonctionnement temporo-mandibulaire (DTM). Un sujet avec une béance occlusale antérieure a un risque élevé de développer un DTM.