L’avènement des technologies numériques a introduit des changements significatifs dans de nombreux domaines de la pratique médicale. En chirurgie dentaire, les scanners intra-oraux permettent de digitaliser les structures dentaires et muqueuses de la cavité orale pour être exploitées dans des flux numériques de conception et de fabrication assistée par ordinateur (CFAO). Ainsi, grâce à une précision accrue, une amélioration notable du confort des patients, une réduction du nombre de séances cliniques, et une simplification de la communication avec le prothésiste, associées à la possibilité d’archivage, les protocoles numériques tendent à remplacer les approches physiques [1-3].
Toutefois, les étapes de numérisation, de conception ou de production des prothèses ne sont pas toujours applicables aux pertes de substances importantes rencontrées en Prothèse Maxillo-Faciale (PMF). Dans ce domaine, la réussite des réhabilitations repose fréquemment sur l’ingéniosité du praticien et du prothésiste, nécessitant parfois l’adaptation ou le détournement des outils numériques existants. Plus encore ici, et comme nous souhaitons le montrer à travers le cas clinique qui suit, le numérique trouve son intérêt non pas dans le remplacement des protocoles physiques par une approche plus précise [4] ou confortable [5], mais plutôt comme un outil complémentaire des techniques conventionnelles physiques.
Doléances et examen clinique
Madame M. nous est adressée pour avis concernant sa prothèse obturatrice. La patiente a été opérée il y a 10 ans d’un carcinome épidermoïde et présente plusieurs doléances. Son obturateur est sensible lors de la mastication et de la déglutition, avec des douleurs importantes au niveau de l’épine nasale. De plus, il présente une mauvaise étanchéité, avec un passage des liquides dans la cavité nasale.
L’examen extra-oral montre la présence d’une asymétrie faciale avec une ouverture…