Comprendre l’ostéoimmunologie, un nouveau coup de pouce pour notre santé parodontale

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  • Publié le . Paru dans Réalités Cliniques n°3 - 15 septembre 2023 (page 16-21)
Information dentaire

Les traitements parodontaux conventionnels ont pour objectif de désorganiser le biofilm parodonto-pathogène dysbiotique, d’éliminer le tartre sus et sous-gingival afin de retrouver des surfaces radiculaires compatibles avec une cicatrisation parodontale. Ces traitements permettent de réduire l’inflammation et de stopper ou de limiter l’évolution de la maladie.

Malheureusement, tous les patients ne réagissent pas de la même façon au traitement initial en raison de leur susceptibilité individuelle et/ou de leur microbiote. Certains d’entre eux, malgré les efforts pour contrôler leur plaque et une thérapeutique parodontale de soutien adaptée, peuvent ainsi connaître des échecs de traitement ou des récidives de la maladie.

Sur la base de ce constat et des avancées dans la compréhension du développement des maladies parodontales, de nouvelles stratégies complémentaires aux traitements conventionnels ont été proposées.

L’approche nutritionnelle en complément de la prise en charge parodontale est assez récente. Fort de son expérience dans d’autres domaines de la médecine, ce coup de pouce thérapeutique a fait son apparition dans le domaine dentaire.

Nouveau facteur de risques des maladies parodontales, la nutrition a un impact significatif sur le fonctionnement optimal du système immunitaire. Outre les traitements conventionnels, une approche nutritionnelle complémentaire s'avère prometteuse dans la prise en charge parodontale. Des études récentes ont démontré que la nutrition joue un rôle essentiel dans le maintien d'un système immunitaire fonctionnant de manière optimale et dans la promotion de la guérison des tissus parodontaux. Par exemple, des nutriments spécifiques tels que les vitamines A, E, C, D, K2, les minéraux et les acides gras essentiels, comme les omega 3, ont montré leur capacité à réduire l'inflammation, à favoriser la régénération tissulaire et à renforcer la réponse immunitaire locale. De plus, une alimentation équilibrée et riche en antioxydants peut contribuer à atténuer le stress oxydatif associé aux maladies parodontales.

Cette revue narrative de la littérature a pour but d’attirer l’attention sur l’implication de la nutrition dans la guérison des tissus parodontaux. Pour cela, un nouveau concept appelé ostéoimmunologie est présenté en prenant comme référence deux adjuvants aux traitements parodontaux que sont les omega 3 et la vitamine D.

La parodontite est l’une des maladies les mieux étudiées et décrites parmi les troubles inflammatoires chroniques de la cavité buccale. Cette maladie complexe et multi­factorielle nécessite la combinaison d’un hôte susceptible et d’une communauté polymicrobienne dysbiotique [1, 2]. Sa forte prévalence, les pertes dentaires qu’elle engendre ainsi que son association avec des maladies systémiques en font un véritable problème de santé publique [3]. La susceptibilité de l’hôte aux maladies parodontales correspond à la combinaison de facteurs génétiques, épigénétiques, comportementaux et environnementaux modulant la réponse immunitaire. Elle crée ainsi des conditions de survie optimales pour une communauté polymicrobienne pathogène [4, 5]. Les communautés polymicrobiennes associées à la parodontite ne se contentent pas de stimuler l’inflammation, elles l’exploitent également pour obtenir des nutriments nécessaires à leur croissance et à leur persistance. Les facteurs de virulence des bactéries peuvent inhiber les fonctions antimicrobiennes et promouvoir les propriétés pro-inflammatoires et destructrices de la réponse immunitaire de l’hôte. Ainsi, une flore dysbiotique est capable d’exacerber et de perpétuer la maladie [1, 6]. Les interactions entre l’hôte et les micro-organismes dans la maladie parodontale sont non seulement complexes, mais aussi évolutives et influencées par l’environnement inflammatoire. Cette revue narrative de la littérature a pour but d’attirer l’attention sur l’implication du stress oxydatif dans la pathogénie de la maladie parodontale. Son objectif est également de discuter l’impact potentiel de la nutrition dans la guérison des tissus parodontaux en introduisant un nouveau concept appelé ostéoimmunologie.

L’ostéoimmunologie : nouveau concept / vieille théorie

C’est en 2000 qu’Arron et Choi ont proposé le terme d’ostéo–immunologie, quelques années après la découverte de…

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