Pour vous prouver que nous ne pouvons être « vraiment » présent qu’à une seule chose, je vous propose d’expérimenter la présence à travers la lecture de cet article. Installez-vous (intention), installez le corps (attitude), installez l’esprit (attention), ne faites plus qu’un et simplement lisez cet article. Articulez peut-être les mots, peut-être à voix haute ou dans la discrétion de votre monde intérieur, cet intérieur profond, celui que vous êtes le seul à connaître, le vôtre.
Être présent, à la recherche du sens perdu
Être présent, n’est pas le présent. C’est encore trop long le présent, il convient de le réduire à l’instant pour qu’il ait la bonne durée. « Être présent » suspend le temps, et c’est l’une des raisons pour lesquelles c’est reposant, il n’y a ni l’anxiété du futur, ni la nostalgie du révolu. Il y a simplement (ce n’est pas simple) l’observation de ce qui se passe ici et maintenant dans l’instant.
D’aucuns pourraient penser qu’être présent relève de la « philosophie », de la « psychologie », voire d’un développement personnel galvaudé. Et s’il est vrai que la question de la présence est d’abord celle des psychothérapeutes, développée tout particulièrement par la psychologie humaniste [1], il se trouve que la présence dans le soin somatique est une thématique de plus en plus explorée et étudiée dont le principal objectif est de redonner et de retrouver du sens [2].
Retrouver du sens dans le soin tout en répondant aux contraintes du temps, face aux contingences et autres injonctions (parfois paradoxales) : une gageure ? De la technologie aux pressions administratives de plus en plus fortes, qui entravent d’autant la vocation de la médecine, comment être présent à la rencontre, à l’autre ? L’évolution de la médecine nous pousserait presque plus à soigner aujourd’hui un « e-patient » déshumanisé et quasiment virtuel (informatisation…