Bruxisme du sommeil chez les adultes : résumé des connaissances actuelles sur l’étiologie, l’évaluation et la prise en charge

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  • Publié le . Paru dans Réalités Cliniques n°1 - 15 mars 2022 (page 62-68)
Information dentaire
Le Bruxisme du sommeil (BS) est une affection courante, que les cliniciens rencontrent à la fois chez les adultes et chez les enfants. Les taux de prévalence chez les adultes varient de 8 % à 16 %, tandis qu’ils peuvent monter jusqu’à 40 % chez les enfants. Actuellement, le bruxisme est considéré comme un terme générique pour désigner différentes activités musculaires se produisant pendant le sommeil et/ou l’éveil. Ces deux formes ont des étiologies différentes, mais il y a un consensus sur leur origine centrale, et donc non périphérique.
De plus, chez les individus en bonne santé, le bruxisme peut être considéré comme un comportement musculaire qui peut être inoffensif ou représenter un facteur de risque et/ou de protection pour certaines conséquences cliniques, plutôt qu’un trouble en soi. Le BS ne fait pas exception à ce concept général mais, compte tenu des connaissances actuelles, il faut l’analyser en prenant en considération les conditions présentes et l’interaction de plusieurs facteurs associés.
De ce fait, le traitement devrait être orienté vers la prise en charge des éventuelles conséquences cliniques et/ou des affections primaires sous-jacentes. Il faut noter que la prise en charge devrait être fondée sur des stratégies conservatrices et non invasives. Cet article résume les connaissances valides sur l’étiologie, l’évaluation et la prise en charge du BS chez l’adulte, en mettant l’accent sur les futures orientations pour améliorer la pertinence entre clinique et recherche. Cette revue générale résumant un domaine comme le bruxisme, qui évolue rapidement, peut être utile aux cliniciens pour comprendre la relation complexe entre le bruxisme, les conditions primaires sous-jacentes et les possibles conséquences cliniques.

Le bruxisme est une affection buccale très documentée qui intéresse plusieurs disciplines comme l’odontologie, la psychologie, la neurologie et la médecine du sommeil. En raison de l’évolution constante des connaissances et des différentes spécialités impliquées dans l’étude du bruxisme, plusieurs définitions ont été proposées ces dernières décennies [1, 2], à tel point que le besoin de trouver un langage commun est apparu. Après un premier article de consensus datant de 2013 [3], une réunion internationale de consensus (« Assessment of bruxism status »), avec des experts de différents pays, s’est tenue à San Francisco (USA), en mars 2017, avant le 95e congrès de l’International Association for Dental Research (IADR). De cette réunion est né un article de consensus rapportant les travaux menés sur le développement des connaissances sur le bruxisme [4]. Dans un premier temps, les experts ont proposé des définitions différentes pour le bruxisme du sommeil et pour le Bruxisme de l’éveil (BE) :

  • « Le bruxisme du sommeil est une activité des muscles manducateurs pendant le sommeil qui est caractérisée par des phases rythmiques (phasiques) ou non rythmiques (toniques), et n’est pas un trouble des mouvements ou un trouble du sommeil chez des sujets en bonne santé » ;
  • « Le bruxisme de l’éveil est une activité des muscles manducateurs pendant l’éveil qui est caractérisée par des contacts dentaires répétitifs ou soutenus et/ou par des mouvements de la mandibule sans contact dentaire, et n’est pas un trouble des mouvements chez des sujets en bonne santé. »

Ces définitions suggèrent implicitement un changement de paradigme en cours. En particulier, il faut souligner que les deux définitions débutent avec « Activité des muscles manducateurs » (AMM), formulation destinée à souligner l’importance du phénomène moteur, indépendamment de toute corrélation neurologique. Ceci signifie…

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