Des prothèses aux interfaces bioniques et cybernétiques
Depuis une vingtaine d’années apparaissent, de façon exponentielle, de nouveaux dispositifs que l’on pourrait nommer « prothèses maxillo-faciales d’amplification », visant notamment à une meilleure perception du monde par une amélioration des propriétés sensitivo-sensorielles, mais également par l’accès à certaines formes d’extra-sensorialité. À l’instar des prothèses de membres plus accès sur le gain de la motricité (c’est-à-dire d’une motricité augmentée), les spécialistes en prothèse maxillo-faciale (PMF) ouvrent un nouveau champ d’exploration, celui de l’optimisation des sens humains et de la conception de systèmes de récepteurs de la perception en rapport avec les organes sensoriels situés au niveau de l’extrémité céphalique. De plus, certaines performances artistiques nous éclairent sur ces évolutions technologiques à venir d’un point de vue sociétal et médical et dressent l’image d’un avenir vraisemblable dans le domaine des prothèses maxillo-faciales.
« Tout rêve d’avenir métamorphose la manière dont on éprouve le présent »
Boris Cyrulnik [1]
L’avenir des réhabilitations prothétiques corporelles et faciales est indéniablement associé à la cybergologie qui désigne l’étude des cyborgs, c’est-à-dire les associations diverses entre l’homme et la machine. Depuis les années 1990, beaucoup d’artistes travaillent à la jonction homme-machine, « se préoccupant essentiellement de trouver de nouvelles voies d’accès aux images et explorant de nouveaux univers », notamment fantastiques et/ou virtuels [2] (fig. 1). Le terme de « cybergologie », apparu sous l’impulsion du neurophysiologiste Manfred Clynes dans les années 1960, est réintroduit dans la littérature scientifique à la suite des travaux de Donna Haraway, biologiste, anthropologue et philosophe, dans son Manifeste Cyborg [3]. Plus récemment, le scientifique Jean-Claude Heudin propose une classification…