L’empathie, concept clé dans l’approche rogerienne, est souvent mal connue ou mal comprise, certains allant parfois jusqu’à la confondre avec la sympathie pour l’autre, voire le décentrement de soi-même. Si nous nous référons à la définition proposée, nous comprenons combien il s’agit d’un exercice difficile, voire périlleux. En effet, pour voir le monde à travers les yeux de la personne, il faut en amont prendre beaucoup de temps pour découvrir ce qu’elle perçoit et vérifier, pour chacune de ces perceptions, que nous sommes bien en adéquation avec elle.
Une approche thérapeutique issue de l’approche rogerienne, l’approche centrée sur les émotions (TCE), nous invite à proposer au patient, sous forme d’interrogations, ce que nous percevons de son ressenti en l’invitant à confirmer ou infirmer cette suggestion, par exemple : « Ce que vous venez de dire me fait ressentir quelque chose comme de la tristesse ? Est-ce bien cela ? ». Nous pouvons ainsi avancer pas à pas en vérifiant sans cesse que nous sommes bien en lien avec la personne et que c’est elle qui va nous guider pour l’accompagner.
Ainsi, nous pouvons, sans prendre grand risque, interroger la peur du patient qui se rend chez le chirurgien-dentiste, mais peut-être est-ce au contraire pour cette personne la seule façon de prendre un peu de temps pour elle. Ce n’est qu’en posant la question sans présumer de la réponse que nous nous approchons d’elle.
1. « Ni la Bible, ni les prophètes, ni les révélations de Dieu ou des hommes ; rien n’est prioritaire sur l’expérience directe »
Il s’agit sans doute de l’une des phrases de Carl Rogers qui ont le plus appelé à controverse. Nous entendons bien, à travers ces mots, que, pour l’auteur, il n’y a pas d’autorité, ni de courant de pensée qui puisse être au-dessus de la personne. Il s’agit de mettre le respect de la personne et de son expérience au-dessus de tout et, en cela…