En présence d’une agénésie d’incisive mandibulaire, le choix de la dent à remplacer n’est pas toujours une évidence clinique. En effet, la pure correction du shéma dentaire “normal” n’est pas obligatoirement la meilleure option..
Mademoiselle T., 26 ans, se présente à la consultation avec des espaces antérieurs qu’elle trouve « disgracieux car ils se colorent de plus en plus vite avec le temps ».
L’examen clinique montre :
- l’agénésie d’une incisive inférieure et la mésialisation spontanée de 33 au contact de 32 ;
- un espace médian 11-21 malgré la linguo-version des incisives maxillaires ;
- une classe I molaire bilatérale parfaite ;
- une supraclusion antérieure relative.
Le problème orthodontique
Si l’ajout d’une dent apparaît comme une évidence, le choix de la dent à ajouter l’est moins : l’espace est naturellement à moitié ouvert en territoire de 33, mais c’est probablement une 32 qu’il manque… Faut-il alors absolument rétablir la situation normale ?
Le problème prothétique
Le bridge collé
À l’arcade inférieure, le rajout d’une incisive sur un bridge ou plus volontiers sur une attelle fibrée collée a tout son sens :
- elle fera office de contention ;
- la perte de la dent prothétique est exceptionnelle en raison de la faible portée du pontique et de l’absence de sollicitation de l’occlusion (contrairement à l’arcade supérieure). En revanche, le décollement d’une incisive de ce type de structure, forcément rigide, est fréquent.
Mais nous savons aussi que les incisives inférieures sont les dents les plus fragiles de la cavité buccale : que se passera-t-il si le patient, au cours de sa vie, perd une autre incisive inférieure ? Serons-nous dans une bonne situation avec des canines aux extrémités de cette zone « à risque » ?
Le bridge collé est ainsi une solution élégante à moyen terme, mais certainement le pire…