Tandis qu’un collage efficace aux tissus dentaires apparaît garanti in vitro, une telle fiabilité n’est pas toujours rencontrée en pratique clinique. Cette observation est, dans une certaine mesure, confirmée par une incidence faible mais constante (environ 10 %) de sensibilités dentinaires rapportées après placement de restaurations adhésives [1, 2, 3]. Heureusement, ces réactions sont, en général, mineures et réversibles [3]. Certaines, cependant, sont plus prononcées et peuvent imposer la dépose de la restauration synonyme d’échec thérapeutique [4]. L’intensité de la réponse pulpaire aux procédures de collage et de restauration est modulée par différents facteurs. Le premier d’entre eux est sans aucun doute en relation avec la physiologie du complexe pulpo-dentinaire. La capacité des résines à mouiller les surfaces dentinaires, à résister aux contraintes dues à la polymérisation et à sceller la restauration est dans tous les cas un facteur additionnel affectant la réponse pulpaire.
Au cours des différentes séquences de réalisation d’une restauration adhésive, le complexe pulpo-dentinaire peut subir des agressions de nature physique, mécanique, chimique ou microbiologique. Le rôle majeur de l’agression bactérienne est aujourd’hui bien établi. L’infection est, en effet, la principale cause des dommages pulpaires sous restaurations [5]. Une étude conduite in vivo a pu confirmer la relation qui lie la micro-infiltration bactérienne survenant sous des restaurations et l’inflammation pulpaire des dents restaurées [6]. L’invasion bactérienne aurait un rôle bien plus déterminant que l’éventuelle toxicité des matériaux sur l’apparition des pulpopathies après la mise en place d’une restauration [7]. Toute exposition de la dent préparée à l’environnement buccal est donc potentiellement une source d’agression pulpaire.
Après un rappel sur les mécanismes physiopathologiques des sensibilités…