Le monde du vivant possède plus de quatre milliards d’années d’expérience dans la résolution de problèmes, par nécessité et pour sa survie. De fait, il est une source inépuisable d’inspiration pour les nouvelles technologies. Ce processus connu sous le nom de « biomimétisme » [1] est aujourd’hui pleinement intégré aux démarches cliniques de la dentisterie contemporaine et aux recherches qui donneront naissance à de nouveaux matériaux. C’est notamment le cas des matériaux d’assemblage. Waite et Lee [2] ont été les premiers à s’intéresser au byssus de moule qui est sans doute l’une des meilleures colles au monde. En effet, l’environnement oral a beaucoup en commun avec l’environnement marin : microbes opportunistes, débit de fluide constant, variations de salinité, de température et de pH. Comme adhésif, le byssus fonctionne à basse ou haute température, résiste aux UV, aux turbulences, au fait d’être sous l’eau et sur une surface non nettoyée. Une bonne connaissance des mécanismes d’adhésion du byssus permet déjà des applications cliniques, et d’entrevoir des perspectives dans nos pratiques futures.
Composition du byssus de moule
Le byssus est une structure macromoléculaire fabriquée en fonction des besoins de l’organisme. Il se compose de deux parties distinctes : les fils et les plaques adhésives (fig. 1). Le byssus va sortir de la tige qui se trouve à la base du pied de moule. Les fils de byssus se terminent par des plaques spécialisées dans l’adhésion. Un fil est une structure flexible, constituée d’un noyau de collagène entouré d’une protéine durcie qui lui confère sa grande résistance. Concernant la force adhésive du byssus, la rupture du fil est la cause la plus courante d’échec [3], c’est-à-dire que l’adhérence de la plaque est plus forte que la résistance à la traction du fil. Or, on sait que les collagènes présents dans les fils de byssus de Mytilus edulis, la moule…