Abrasivité des matériaux prothétiques esthétiques face à une dent saine

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  • Publié le . Paru dans Réalités Cliniques n°2 - 15 juin 2018 (page 119-125)
Information dentaire
Il suffit de regarder les dents de nos patients âgés pour se rendre compte que l’usure dentaire est un phénomène inéluctable. Qu’ils soient porteurs de prothèses ou non, l’anatomie occlusale de leurs dents n’est en rien comparable à celle de nos jeunes patients. Cette usure est plus marquée en regard des prothèses fixées, partielles ou périphériques.
La nature du matériau prothétique a-t-elle une incidence sur cette perte de substance occlusale antagoniste ? Un matériau très dur comme la zircone est-il responsable d’une abrasion plus importante qu’une céramo-métallique « classique » ? Elle-même est-elle moins invasive qu’une vitrocéramique ou qu’un composite de laboratoire ? Voici une série de questions auxquelles nous tenterons d’apporter quelques pistes de réponse, afin de choisir dorénavant sciemment la nature de nos matériaux prothétiques, en connaissance de leur abrasivité sur l’émail antagoniste. Car aujourd’hui, le matériau idéal, qui ne s’userait pas et n’abraserait pas la dent antagoniste, n’existe pas.

Comparer la morphologie des incisives permanentes d’un enfant juste après leur éruption à celles de nos aînés nous pousse à une conclusion implacable : l’usure des dents, même en absence de prothèse ou de parafonction, est inévitable. Cette perte varie en fonction de la situation de la dent sur l’arcade : les secteurs postérieurs s’usent logiquement plus que les secteurs antérieurs (tabl. I).



 
Cette variation semble s’expliquer par des intensités de contrainte occlusale variables selon la localisation des dents sur l’arcade, mais dépend également de nombreux paramètres propres au patient, comme les parafonctions ou la nature du pilier sous-jacent. Pour le comprendre, il suffit de reprendre l’étude de Randow et Glantz [2], prouvant que la proprioception sur les dents dépulpées est inférieure à celle sur dents pulpées. Ainsi, une pression occlusale plus importante devra être exercée sur ces piliers prothétiques dépulpés avant d’atteindre un seuil d’alerte et de déclencher une douleur. Ceci s’expliquerait par la perte des récepteurs pulpaires. Cette proprioception sera même diminuée d’un facteur 9 pour les piliers implantaires, du fait de la perte supplémentaire des récepteurs desmodontaux [3].
 
Schmidlin et al. [4] nous montrent – même si l’étude est réalisée sur des patients aux parodontes réduits – que les taux de survie prothétique à dix ans déclinent avec l’intervention du praticien : les couronnes sur dents vivantes ont un taux de survie supérieur à celui des dents traitées endodontiquement, elles-mêmes ayant un taux de survie meilleur que les dents traitées endodontiquement et restaurées à l’aide d’un ancrage radiculaire. Enfin, ce sont les couronnes sur implants qui présentent le plus faible taux de survie (tabl. II).


 
Cette différence entre les taux de survie prothétique sur dents…

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