La névralgie du trijumeau (NT) est la plus répandue des névralgies, touchant la Ve paire de nerfs crâniens ou nerf trijumeau. Parfois appelée « tic douloureux », car le côté du visage touché se contracte, la NT est une affection extrêmement douloureuse [1]. Cette pathologie se caractérise par des crises de douleurs faciales aiguës intenses, de courte durée, semblables à un choc électrique, déclenchées lors du toucher ou de l’effleurement de la peau dans des zones spécifiques du visage innervées par le V [2]. La forme classique touche principalement le sujet de plus 50 ans. La survenue d’une névralgie du trijumeau à un âge plus précoce doit toujours faire suspecter une névralgie trigéminale secondaire, c’est-à-dire sous-tendue par une pathologie neuronale autre (sclérose en plaques, tumeur…). La répartition selon les sexes fait état d’une surreprésentation féminine, le ratio hommes-femmes est de 2 pour 3 [3-5].
La NT est caractérisée par une douleur classiquement unilatérale. Elle se localise généralement dans l’une des trois branches du nerf trijumeau : maxillaire (V2), mandibulaire (V3) ou ophtalmique (V1), et parfois dans deux branches adjacentes (le plus souvent V2 + V3). Le territoire concerné est le plus souvent le V2, en particulier dans la zone sous-orbitaire ou le V3 avec une douleur souvent limitée au nerf mentonnier. Moins de 10 % des cas présentent une névralgie isolée de la branche ophtalmique (V1) [6]. La localisation précise de la douleur peut varier d’un patient à l’autre et peut également être mixte [7-12].
Le diagnostic est alors relativement aisé, du fait de la spécificité de la douleur. Cependant, lorsque la douleur est intrabuccale stricte (muqueuses alvéolaires [7], gencive vestibulaire [8], palais [9] ou même dents [7, 10-12]), le diagnostic devient plus compliqué. Le patient consulte son chirurgien-dentiste qui peut passer à côté du diagnostic et entreprendre des…