Considéré comme incurable durant des centaines d’années, l’édenté total a fait preuve de patience pour se voir offrir les prémices d’une prise en charge thérapeutique à partir du… XVIe siècle !
À cette époque, bois, ivoire, os (fig. 1) sont les principaux supports pour « bases complètes ». Au cours des multiples décennies qui suivent, techniques et plans de traitement se bonifient peu à peu, dus au génie de l’intellect humain provoquant l’essor des matériels et matériaux, notamment les « râteliers en pâte de porcelaine », dits incorruptibles, qui tentent de remplacer les « osanores » se dégradant trop rapidement en bouche. Mais en 1859, ce panel de matériaux est supplanté par la première révolution, ou évolution prothétique : la vulcanite (fig. 2). Associée aux premières dents prothétiques « terro-métalliques », elle est élaborée dès 1795 et l’on s’oriente alors vers la prothèse moderne.
Les amateurs d’histoire de l’art dentaire me pardonneront de passer sous silence de nombreux créneaux historiques et célébrités de l’art dentaire qui engendreraient une surcharge scripturale de l’article.
1936 signe la deuxième révolution, ou transition prothétique. Un virage technologique essentiel est franchi par la mise sur le marché des premières résines. Parallèlement, les protocoles clinique/laboratoire continuent d’évoluer. Différentes philosophies de travail s’affrontent, étayées par des arguments nourrissant la réflexion de chacun. On assiste à la naissance des fondamentaux de la prothèse complète qui, en grande partie, restent parfaitement d’actualité : concepts occluso-fonctionnels, plans de référence, respects des aires de Pound et Ackermann…
Plus tard, deux autres révolutions, aussi captivantes l’une que l’autre, vont émerger : l’avènement en 1970 de l’implantologie, « tirant vers le haut »…