L’incendie du Bazar de la Charité : la naissance de l’identification odontologique en France

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Information dentaire

4 mai 1897, Paris, rue Jean Goujon, 8e arrondissement. C’est l’affluence des grands jours, le tout Paris est là pour l’inauguration du Bazar de la Charité. Depuis plusieurs années, on réunit dans un même lieu les kermesses, foires et spectacles organisés çà et là pour financer les œuvres de charité. La bonne idée. Les recettes enflent : 1 million de francs or en 3 ans.

Alors on a vu encore plus grand. Ce Bazar est un hangar géant : 80 mètres de long, 13 de large. Des murs en pin, un plancher posé sur lambourdes, une toiture en bois bitumé, une verrière, un plafond sur lequel court un gigantesque vélum. Du mobilier en bois partout, des boutiques elles aussi en bois. Et une petite pièce où se tient le cinématographe, l’attraction du moment.

16h15, l’ampoule du projecteur éclate. Elle est pleine d’oxygène et d’éther, cocktail qui lui permet de briller si puissamment. Pour la changer, il faut voir clair. L’apprenti craque une allumette… Il est 16h23, en quelques minutes le Bazar va se transformer en fournaise. Les pièces d’or fondues retrouvées après l’incendie attestent que la température est montée à plus de mille degrés par endroit. Un enfer.

Sur les 1 600 personnes présentes, 121 périront, les issues de secours sont trop peu nombreuses, pas assez larges. « À 16h44 il ne reste plus rien. Les pompiers ne peuvent rien faire, une désolation », relate Charles Georget, expert près de la Cour de Cassation. La difficile identification des corps carbonisés, encore majoritairement visuelle, montre ses limites. Les enquêteurs ont alors l’idée de faire appel aux dentistes traitants des victimes. Ils identifieront formellement neuf personnes. Une première.

« Les mâchoires en étau se refusent à tout examen. Il faut recourir au scalpel. On fend les joues d’une large entaille. Les molaires apparaissent et avec elles les plombages révélateurs », témoigne l’un d’eux dans la presse de l’époque. Quelques années plus tard, Oscar Amoëdo documentera chacun de ces cas dans son ouvrage « L’art dentaire en médecine légale » qui pose les bases de l’odontologie légale actuelle.

 

Brève rédigée à partir de la séance B28 de l’ADF 2021
Responsable scientifique : Gwénola Drogou Saout
Intervenants : Charles Georget, Nelly Du Cray

 

Cet article fait partie du dossier : ADF 2021 : e-journal Id du 24/11

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