La France, comme d’autres pays, connaît une recrudescence de comportements addictifs, très probablement accélérée par la crise sanitaire. Beaucoup de ces comportements ont des effets très délétères sur la santé orale. Alcool et tabac dominent la consommation, mais le cannabis et la cocaïne sont en forte hausse.
Olivier Jenny, addictologue, prône la transversalité : « Chaque soignant devrait avoir des notions d’addictologie », et cela passe par un repérage précoce et une prise en charge adaptée. Il y a bien sûr des cas très graves et complexes, mais une grande majorité sont plus simples à gérer.
A considérer également : les troubles du comportement alimentaire (TAC) tels que l’anorexie, la boulimie, l’orthorexie (obsession pathologique pour un régime sain occasionnant carences et dénutrition) provoquent des altérations buccales des tissus osseux, dentaires et muqueux. Le diagnostic précoce est capital bien sûr, mais Marie-Eve Do Ich insiste : face à une toxicomanie, et pour surmonter le composante du déni psychologique, il faut verbaliser les conséquences de ce comportement, avant d’envisager le soulagement immédiat des symptômes oraux. Viendra ensuite le temps de la reconstruction, si elle est nécessaire.
Toxique cigarette électronique
Conséquence indirecte du fléau du tabac, la cigarette électronique s’est installée dans le mode de vie des fumeurs, des anciens fumeurs, voire des non-fumeurs. En 12 ans, la France est devenue le troisième marché mondial dans ce domaine, avec 3 millions d’utilisateurs. Ces dispositifs présentent-ils des risques pour la santé bucco-dentaire? Paul Girardeau a expliqué que le propylène glycol et le glycérol, constituants principaux des liquides de e-cig, sont des toxiques bien connus. Les effets bucco-dentaires de la e-cig, par la modification des conditions physico-chimiques du milieu, sont globalement les mêmes que ceux de la cigarette : altération du microbiote oral, sécheresse buccale, xérostomie, ulcérations buccales, caries, maladies parodontales.
Face à ces problématiques, le recueil de l’expérience du patient et l’expertise du médecin-dentiste doivent se combiner pour la recherche de solutions individualisées, quitte à rechercher du soutien aux sein des réseaux inter-professionnels de prise en charge.
Brève rédigée à partir de la séance E94 de l’ADF 2022
Responsable scientifique : Cécile Châtel
Intervenants : Marie-Eve Do Ich, Paul Girardeau, Olivier Jenny, Noëlie-Brunehilde Thébaud
Liens :
www.intervenir-addictions.fr
www.infosdentistesaddictions.org
www.gssosinfo.wordpress.com