Salle comble. Etonnant pour l’une des toutes premières conférences de l’ADF tenues ce mardi après-midi avant même l’ouverture officielle du congrès. Il faut croire que le modèle libéral intéresse encore ! A force d’entendre que les jeunes chirurgiens-dentistes ne veulent plus qu’être des salariés de centres de santé dentaire, on en oublierait presque que l’exercice libéral concerne encore 80 % des praticiens. Certes, tout le monde sent bien que le cabinet traditionnel « dentiste-assistante » a du plomb dans l’aile compte tenu de l’évolution des modes de vies. Mais le modèle libéral « partagé » a de l’avenir, assurent Jacques Vermeulen, praticien en Savoie, et Florence Demès, installée dans les Alpes-Maritimes. Ils ont présenté trois nouvelles formes de structures très « tendance » qui devraient faire florès dans les prochaines années.
Première d’entre elles, le co-working. Instacare à Marseille ou Lyon ou Iedent, à Lyon également, regroupent des locaux attractifs en centre ville de 600 à 1000 m2 équipés de multiples box d’environ 15 m2 accueillant des cabinets dentaires dans lesquels exercent des dentistes libéraux, spécialisés ou non, installés en nom propre ou en SELARL. Ils louent leurs emplacements et profitent de la mise à disposition commune de nombreux services et espaces de vie : salles de conférences, secrétariat, assistance au fauteuil, bibliothèques, salles de repos ou de chirurgie, etc. Ils peuvent s’installer avec leurs assistantes et leurs collaborateurs. S’il n’y a pas que des avantages (pas de constitution de patrimoine, difficultés de recrutement patients, pas de compagnonnage, notamment), ces structures se développent rapidement : « Instacare va ouvrir trois autres structures avant la fin de l’année et prévoit dix autres créations en 2023 », assure Florence Demès.
Les regroupements autour d’un praticien « leader » fonctionnent différemment. C’est ce dernier qui investit personnellement dans de grands locaux et des plateaux techniques alléchants. Il propose ensuite à des confrères des associations minoritaires, des collaborations, voire du salariat. « C’est l’avenir sans aucun doute, s’enthousiasme Jacques Vermeulen. On est là dans des projets menés par des praticiens avec une vraie fibre entrepreneuriale. » Le recrutement des patients se fait facilement sur la réputation locale du créateur et ces structures regroupent de nombreuses spécialités. Par exemple, un praticien à Cannes a acheté un immeuble entier et y a installé une spécialité par étage. On trouve ainsi un étage implanto-paro, un étage orthodontie et un étage esthétique.
A côté de ces « super structures », de très petits cabinets abritant des hyper-spécialistes, travaillant seuls, devraient continuer d’exister, selon Florence Demès. Il en est ainsi d’un ancien prothésiste devenu dentiste, exerçant à Cannes également, qui reçoit seulement un à deux patients par jour uniquement pour des reconstructions esthétiques qu’il réalise donc de A à Z. Il réfère l’ensemble des soins nécessaires, mais son cabinet est économiquement viable.
Brève rédigée à partir de la séance A11 de l’ADF 2022
Responsable scientifique : Jacques Vermeulen
Intervenants : Florence Acquier-Demès, Yann Chevalier