5 500. C’est le nombre de décès liés à une infection résistante aux antibiotiques chaque année en France. Une problématique de santé grandissante qui mobilise les pouvoirs publics. Au-delà de la sensibilisation du grand public, convaincre les prescripteurs constitue le premier levier d’action sur la consommation de ces molécules listées. Selon les données de l’assurance maladie, les chirurgiens-dentistes sont à l’origine de 13 % des prescriptions d’antibiotiques en médecine de ville en 2021. C’est peu, direz-vous peut-être. Oui, mais ce taux augmente (9 % en 2016) alors que, dans le même temps, les prescriptions baissent chez les médecins. Surtout, « 50 % de nos prescriptions sont soit inutiles soit mal adaptées », déplore Julien Laupie, secrétaire général de l’ADF. Ainsi, toujours selon la Cnam, les association spiramycine/métronidazole et amoxicilline/acide clavulanique représentent 34 % des prescriptions en 2021, alors qu’elles ne sont pas recommandées en première intention.
Objectif, moins 25 % en 5 ans
« Quand bien même il n’y a aujourd’hui aucun cas d’échec thérapeutique documenté lié à une antibiorésistance en dentaire, la profession doit prendre sa part du combat qui est à la fois collectif et individuel », souligne Julien Laupie. L’objectif fixé par les pouvoirs publics est de faire baisser la prescription d’antibiotiques de la profession de 25 % en 5 ans. Avec un retour aux bonnes pratiques. L’ADF vient de publier un guide digital, « Antibiotiques en odontologie – Règles de prescription », qui reprend de manière didactique les recommandations de l’Agence du médicament et de la HAS (Lire ici). L’assurance maladie propose également une liste de « 10 conseils pratiques » pour une prescription adaptée (Lire ici).
Mieux, elle enverra au cours du mois de décembre à chaque praticien son profil individuel de prescription (molécules les plus prescrites, indicateurs de pertinence et objectifs à atteindre). Il permettra d’analyser sa propre pratique et de mettre en œuvre les corrections nécessaires pour se rapprocher des pratiques recommandées par l’Agence du médicament. Les praticiens « ayant un profil atypique » seront accompagnés par un chirurgien-dentiste conseil. A l’occasion de cette conférence, le Pr Sarah Cousty, PU-PH à Toulouse, est donc venue rappeler quelques-unes des bonnes pratiques de prescription en antibiothérapie curative et prophylactique en interrogeant la salle sur quelques cas cliniques. Où l’on découvre que chez un patient sans complication, face une cellulite suppurée quelques jours après avulsion, le réflexe naturel de prescrire un antibiotique aurait pu être remplacé par un curetage et une antisepsie buccale.
Brève rédigée à partir de la séance D70 de l’ADF 2022
Responsable scientifique : Jacques Wemaere
Intervenants : Sarah Cousty, Céline Pulcini