Situation
« Alors Marie, je suis ravi de te voir, comment vas-tu depuis ta dernière consultation ? »
« Bonjour Madame, comment vous portez-vous depuis votre dernière consultation ? »
- Les deux approches montrent une relation totalement différente entre le praticien et sa patiente. Existe-t-il une démarche plus éthique que l’autre ?
- Doit-on adapter son tutoiement ou son vouvoiement en fonction du patient ?
- L’âge du praticien peut-il influencer l’utilisation du tutoiement ?
- Le sexe du patient (opposé à celui du praticien ?) doit-il guider le choix du professionnel ?
- Comment s’adresser avec égards à son/sa patient/e lorsque le choix du tutoiement ou du vouvoiement est admis ?
Réflexions Docteur Thomas TRENTESAUX
MCU-PH Odontologie pédiatrique Faculté de chirurgie dentaire de Lille
L’article L1110.2 du code de la Santé publique énonce que « la personne malade doit avoir droit au respect de sa dignité ».
Dans ce contexte, si le vouvoiement, habituellement associé aux notions de respect et de formalisme social, paraît légitime, le tutoiement réduirait-il pour autant ce respect de la dignité ?
S’il est rare de vouvoyer un enfant de 5 ans, qu’en est-il de l’adolescent, de la personne adulte ou encore de la personne en perte d’autonomie ou en situation de handicap ?
Finalement, au-delà de la forme de la communication, deux questions se posent : celles de la reconnaissance du patient et celle de la juste distance qu’il convient d’instaurer avec lui.
Pour le philosophe Hegel, toute rencontre est avant tout une lutte pour la reconnaissance. Il n’en est pas autrement dans la relation de soin. Chacun des acteurs a ainsi le souhait d’être reconnu. Pour Didier Sicard, ancien président du Comité Consultatif National d’Éthique, il s’agit alors que « celui qui souffre sache qu’il est quelqu’un pour celui qui soigne » [1]. Pour Paul Ricœur, ce souci d’autrui est la raison…