Situation
Je suis un praticien spécialiste en médecine bucco-dentaire. Mon patient âgé de 56 ans, grand fumeur, me consulte en urgence après une période de silence thérapeutique. Je le soigne depuis de nombreuses années et la relation entre nous est étroite car la confiance s’est développée au cours des dernières années.
Il présente tous les symptômes d’un cancer buccal. Évidemment, il faudra pratiquer des examens anatomopathologiques, mais avant de recevoir ces résultats, je me questionne :
– Pourrai-je annoncer à mon patient le diagnostic de sa maladie ou dois-je me taire et l’orienter vers un confrère médecin pour cette annonce ?
– Comment dois-je me comporter vis-à-vis de sa famille ?
Réflexions Professeur Myriam DRIDI
Professeur des Universités-Praticien hospitalier – Faculté de chirurgie dentaire de l’Université de Nice – Département de parodontologie, CHU Saint Roch de Nice
En tant que professionnel de santé, l’odontologiste est tenu de respecter l’article L 111-2 du Code de la santé publique et l’article 35 du Code de déontologie médicale qui disposent que tout patient a le droit de recevoir des informations loyales, claires et appropriées sur son état de santé, sauf s’il manifeste expressément une volonté contraire. Dans le cadre de la prise en charge des cancers oraux, l’odontologiste peut donc être amené à annoncer l’hypothèse, voire le diagnostic, d’un carcinome épidermoïde.
Dans la première situation, il s’agit d’annoncer la suspicion d’une tumeur maligne. Au vu des données cliniques et de la sémiologie de la lésion élémentaire, l’odontologiste décide d’emblée d’adresser le patient vers un praticien spécialiste hospitalier à des fins diagnostiques et thérapeutiques. Tout en cernant les craintes et les peurs légitimes du patient, il peut alors expliquer, par des mots simples et justes, la nécessité des examens complémentaires, en raison…