Docteur Thomas Trentesaux, vous êtes MCU en odontologie pédiatrique à la Faculté de chirurgie dentaire de Lille ; vous avez également un exercice libéral exclusivement réservé à la prise en charge de l’enfant de 0 à 16 ans. Cette année, vous êtes responsable scientifique de la séance « Sourire et grandir, quelles solutions offrir à nos patients ? ». C’estun sujet qui vous tient à cœur ?
J’ai été très marqué – et inspiré – par le récit d’une maman. Son fils de 10 ans avait fait une chute de vélo. Les deux incisives centrales présentaient des fractures amélo-dentinaires du tiers coronaire. Cette maman était venue me consulter un an après le traumatisme. Je m’étais étonné auprès d’elle de l’absence de restauration des angles incisifs. Elle en avait fait la demande lors de la consultation initiale, mais on lui avait répondu : « Madame, à 9 ans, on a à plaire à personne. »
Alors, quand le docteur Marie-Paule Gellé, responsable scientifique de l’Odontologie pédiatrique pour le congrès ADF 2018, m’a proposé la responsabilité d’une séance sur l’esthétique chez l’enfant, je ne pouvais qu’accepter.
Si la question de l’esthétique chez l’adulte est une préoccupation quotidienne de nos consœurs et confrères, elle est parfois reléguée au second plan chez l’enfant, et ce, d’autant plus qu’il est jeune. Pourtant, les répercussions psychologiques d’un déficit esthétique ne doivent pas être sous-estimées, quelle que soit l’étiologie (traumatisme (fig. 1), défaut de structure (fig. 2 et 3), pathologie acquise (fig. 4)…).
D’où le titre de la séance « Sourire et grandir » ?
C’est exact. Sourire et grandir, sourire pour grandir. En parallèle du développement physique et physiologique, il faut ainsi tenir compte de l’équilibre psychologique de l’enfant et de l’adolescent. Il y a donc cette idée de croissance et de maturation.
À qui s’adresse votre séance ?
Nous avons beaucoup de chance, car le comité scientifique nous permet une séance « Thématique » de 3 heures – en traduction simultanée français-anglais – avec des conférenciers reconnus.
Si la séance s’adresse, en premier lieu, aux praticiens qui prennent en charge les enfants et les adolescents, elle intéressera également les praticiens qui se concentrent sur la prise en charge de l’adulte. En effet, de nombreuses clés seront données et les thérapeutiques proposées pour l’enfant sont bien sûr transposables à l’adulte.
à noter aussi que cette séance est accréditée DPC.
Vous avez demandé à un philosophe d’introduire la séance. Pour quelle raison ?
Lorsque l’on parle d’esthétique, on parle d’estime de soi, de qualité de vie. On parle aussi de norme et d’anomalie. Un tel sujet ne pouvait faire l’économie d’une vision des sciences humaines et sociales. Je suis donc très heureux que le Professeur Pierre Le Coz ait répondu positivement à ma demande. C’est un philosophe passionné par les questions médicales (il est notamment ancien membre et vice-président du Comité consultatif national d’éthique) et c’est un philosophe passionnant.
à l’heure où il est question de médecine bucco-dentaire, il était inconcevable de se satisfaire d’une seule approche technique.
Je lui ai aussi demandé d’être le grand témoin de notre après-midi et il disposera donc de quelques minutes en fin de séance pour alimenter nos réflexions.
Vous avez parlé de gradient thérapeutique, je suppose qu’économie et préservation tissulaire seront aussi les fils rouges de la conférence ?
Bien sûr ! De manière conforme aux données acquises de la science et dans l’intérêt de nos patients, le gradient thérapeutique doit être suivi. Les innovations en termes de matériaux et de techniques nous permettent aujourd’hui la préservation tissulaire.
Le Docteur Patrick Rouas est maître de conférences en odontologie pédiatrique à Bordeaux. Il nous parlera de ces premières étapes du gradient thérapeutique : éclaircissement chez l’enfant (est-ce possible ?), érosion-infiltration, stratification simplifiée en pratique quotidienne, coronoplastie. Le Docteur Karim Nasr est pour sa part maître de conférences en dentisterie restauratrice et endodontie et dispose, tout comme le Docteur Rouas, d’une activité libérale. Il nous montrera l’apport des techniques de CFAO pour rendre le sourire à un jeune patient, tant d’un point de vue fonctionnel qu’esthétique. Ces techniques de CFAO, qu’elles soient directes, semi-directes ou indirectes, apportent de nouvelles solutions dans nos cabinets.
L’orthodontie sera-t-elle également au cœur des débats ?
Oui, car la séance se veut pluridisciplinaire et cette discipline est indispensable lorsque nous établissons des plans de traitement concertés. C’est notamment le cas quand le patient présente des agénésies des incisives latérales. La difficile question de l’ouverture (associée à un traitement implantaire et/ou prothétique) ou de la fermeture des espaces doit être appréhendée au cas par cas. Le sujet sera traité grâce à l’expertise du Docteur Imen Bouallegue, attachée en orthodontie à Reims, orthodontiste référente au Centre de Compétences des Fentes Faciales, Maladies Rares et Syndrome de Pierre Robin d’Amiens Picardie et praticienne libérale à Paris.
Les congressistes recherchent aujourd’hui de l’interactivité, des formats courts. Est-ce que le format « conférence trois heures » est adapté à votre sujet ?
Je comprends votre question. Mais – entre nous – le sujet mériterait bien plus de trois heures (rires). Nous avons construit la séance pour générer cette interactivité, tant dans l’organisation et la coordination des interventions que dans l’aménagement de l’espace. Le scénario permet d’évoluer en fonction des situations cliniques et du gradient thérapeutique. Il a aussi pour objectif de tenir en haleine notre auditoire jusqu’au terme de la séance.
Par ailleurs, pour dynamiser un peu plus la conférence, nous aurons le plaisir d’accueillir le Docteur Gabriel Dominici, chirurgien-dentiste pédiatrique exclusif à Nîmes et ancien AHU, ainsi que le Professeur Elisabeth Dursun, PU-PH à l’Université Paris Descartes pour des interventions flash. Ces « flashs » vont s’inscrire dans le déroulé de la conférence, de manière ponctuelle, pour répondre à des questions essentielles. Gabriel traitera ainsi de questions cliniques : « Comment je présente la digue à l’enfant, comment je la pose en secteur antérieur, en secteur postérieur, unitaire ou étendue ? », le tout à l’aide de vidéos très didactiques.
Elisabeth Dursun, pour sa part, réalisera des « flashs recherche » et insistera sur l’apport des travaux de recherche fondamentale ou clinique qui impactent notre pratique quotidienne notamment en termes de collage ou de choix de biomatériaux.
Si vous deviez conclure en quelques mots ?
En quelques mots, je tiens à remercier mes conférenciers pour leur dynamisme, leur enthousiasme et leurs compétences. Et j’espère que nos consœurs et confrères qui viendront nous écouter trouveront des réponses à leurs interrogations et auront autant de plaisir que j’en ai eu, personnellement, à construire cette séance.
Sourire et grandir, quelles solutions offrir à nos patients ?
- Publié le . Paru dans L'Information Dentaire
Responsable scientifique : Thomas Trentesaux
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