L’Aube du vitrail
La Champagne est l’une des plus riches terres de France en vitraux. À Troyes, capitale de l’ancien Comté, et dans quelque 350 édifices religieux ou civils des environs, 9 000 m² de verrières ont vu le jour et l’ont magnifié depuis le XIIe siècle. Rescapés des troubles, incendies, vandalisme révolutionnaire et surtout assez miraculeusement préservés des bombardements des deux guerres, ils nous parviennent presque intacts. Les foires, nées de sa position clé sur les routes commerciales, ont assuré au pays la prospérité nécessaire à ces fastueuses réalisations, ainsi que le concours de maîtres verriers venus aussi bien d’Italie que du Nord, formant la base d’une école troyenne réputée dans toute l’Europe.
Loin de s’étioler, cette tradition pérenne s’est vue régénérée depuis le milieu du siècle dernier par une inventive création contemporaine qui en orne mairies et gares, mais aussi fabriques industrielles, grands magasins, brasseries, lieux de création. Si bien que l’Aube actuelle offre, avec la Seine-Maritime, l’un des plus complets panoramas de l’iconographie et de l’évolution stylistique de l’art du vitrail sur dix siècles. D’où, pour Troyes, le désir légitime de se doter d’une Cité du Vitrail qui en raconte l’histoire sur pièces, et de tout près pour en voir, à loisir et sans se tordre le cou, les détails ordinairement inaperçus. Le projet installé en 2013 dans une aile de l’Hôtel-Dieu-le-Comte vient de voir en décembre sa surface décuplée pour donner une toute nouvelle ampleur à son ambition européenne. Dans l’exposition permanente, les œuvres se renouvellent au gré de prêts d’institutions et d’artistes ou de dépôts pour restauration. Plus largement, le lieu se veut une ouverture à la nouvelle Route du vitrail qui relie tous les trésors de l’Aube. Mais sur place et dans chaque salle depuis les combles jusqu’à la filmothèque…