Nage vers la source
Il restait une courte chance, avant le 17 mai, de pouvoir contempler la fluide et splendide vidéo de Janaina Tschäpe dans son dialogue avec son élément matriciel : l’eau des Nymphéas de Monet à l’Orangerie qui l’a toute jeune inspirée. Sur les vastes écrans, elle déploie l’hypnotique ballet de ses corps féminins où, entre deux eaux, chevelures, voiles immaculés et longs rubans colorés se mêlent sous la surface limpide d’une source palpitante, comme s’ils appartenaient à la vie aquatique au même titre que les frêles lanières végétales mouvantes au gré du rythme calme qui les berce. Ces ondulations ont aussi la grâce souple et soyeuse des pinceaux dont ils évoquent à dessein les passées erratiques, sans mobile apparent mais constitutives d’une harmonie secrète.
Parfaitement sensible et lisible, ce rapprochement se voit corroboré par la confrontation des esquisses du maître et de son admiratrice, donnant tout son sens à ce cinquième opus des Contrepoints contemporains organisés autour des Nymphéas depuis que Cécile Debray, directrice du musée, en a pris l’initiative. Le fil de l’eau et du temps a conduit Janaina Tschäpe vers d’autres rivages dont ceux du Brésil, à la rencontre de Iemanjá, la déesse de la mer – aussi nommée… Janaina –, que les Bahianaises en robe de dentelle blanche fêtent en lui faisant présent de fleurs et de rubans confiés à la vague. Les eaux du syncrétisme de l’artiste ont leurs mystères ; ses offrandes à leurs filles – nymphes, sirènes ou organismes hybrides – sont en toute transparence d’une envoûtante beauté.
Janaina Tschäpe, BlOOD, SEA
Musée de l’Orangerie
Extrait sur : www.musee-orangerie.fr
(onglet Expositions en cours)
Danse avec les fleurs
C’est toujours une joyeuse surprise de voir un artiste se déconfiner du conceptuel pour explorer le figuratif avec…