De l’influence de la Ville lumière sur les oiseaux migrateurs
Il était une fois pour toutes Paris ; et puis… Dans ce conte de fées nostalgique, la ville régnait sur le monde de l’art, en épousait les plus beaux princes et ils avaient beaucoup d’enfants. Mais les malédictions s’abattaient : guerres mondiales, translation subite des marchés et sortilèges fourbes de critiques faiseurs de nouveaux rois condamnaient Paris à céder son trône et à s’endormir pour des lustres, à moins d’un vaillant secours venu réveiller la belle. La légende a, comme toutes, un fond de vrai, et la vérité finit toujours par sortir du puits. Tout particulièrement de ce puits de mémoire, objective, statistique, qu’alimente une source inattendue mais intarissable : les données sur l’immigration parisienne et ses motifs. En s’y penchant, il devient clair comme de l’eau de roche que Paris n’a jamais été déserté par les artistes nomades telle une oasis asséchée. Leur afflux constant s’est au contraire maintenu, sauf durant l’Occupation, assurant après-guerre encore la noria de jouvence à laquelle Paris a toujours dû sa force d’attraction et son rayonnement de plaque tournante.
Ce constat, flatteur pour un orgueil national intelligent, on le doit au Musée national de l’histoire de l’immigration qui, à travers sa très originale exposition, apporte à l’histoire de l’art une contribution libérée de tout chauvinisme comme affranchie de l’étiquetage parfois sectaire des mouvements. Son postulat est simple mais plutôt neuf : c’est en regardant qui Paris continue d’attirer au mitan du XXe siècle qu’on peut mesurer sa réelle influence artistique. Pas d’affrontements théoriques, de discours radical, de néo-ceci et de post-cela. À la place, des questions en apparence banales et qui pourtant en brassent de profondes, de même que la capitale brasse indistinctement les artistes de tous les horizons. Pourquoi vient-on…