Situation
- J’ai orienté une patiente pour l’extraction de sa 46, particulièrement complexe.
- J’ai choisi un confrère dont on m’a conseillé l’exercice chirurgical.
- Munie d’un courrier que j’ai rédigé à l’intention du chirurgien, elle a pu bénéficier de cette avulsion après un mois d’attente.
- À son retour au cabinet, j’ai la surprise de découvrir que le confrère a posé, sans m’avertir ou me questionner, un implant en 46 après avoir retiré la dent. Ma patiente dit avoir suivi ses recommandations.
- Pourtant, j’avais prévu avec ma patiente de poser moi-même cet implant après quelques semaines de cicatrisation…
- Comment considérer le comportement du chirurgien sur le plan éthique ? Que dois-je faire ?
Réflexion du Pr Olivier Hamel
Professeur des Universités, Praticien Hospitalier, faculté de chirurgie dentaire de Toulouse
Chef de service de médecine bucco-dentaire du CHU de Toulouse
Il arrive que la tentation d’une réponse vive et immédiate soit grande. Le cas proposé pourrait inciter à prendre son téléphone et à exprimer directement ses sentiments au confrère chirurgien.
Cependant… c’est sans doute dans ce type de circonstances qu’une réflexion en amont sur la confraternité et la protection du patient peut servir. Oublions même les considérations techniques sur le choix de l’implant posé pour lequel vous allez avoir, ou non, le matériel nécessaire pour la partie prothétique. Oublions à cet instant l’hypothétique indication de pose immédiate qui aurait bien entendu pleinement justifié un courrier en retour du vôtre. Nous ne sommes pas naïfs ; il apparaît que l’intérêt particulier du collègue a sans doute pris le dessus, ou alors celui de la patiente, peut-être tentée par un tarif attractif ; suspense ?
La confraternité serait-elle alors un concept « mou », suranné ou désuet ? Si notre conclusion s’oriente vers un potentiel détournement…