La dentisterie adhésive a bouleversé tous les paradigmes en dentisterie restauratrice et ouvert une longue voie vers les principes d’économie tissulaire, de rétablissement des propriétés biomécaniques de la dent et vers des restaurations plus esthétiques grâce aux biomatériaux de substitution disponibles. Son succès clinique repose essentiellement sur la qualité de l’adhésion, qui dépend elle-même énormément du respect de protocoles opératoires très stricts et souvent fortement opérateurs-dépendants. Le mode de réalisation de la couche hybride incluant l’application de l’adhésif en est l’exemple le plus significatif, mais le mode de polymérisation en est un autre. Ce dernier revêt lui aussi une importance particulière, surtout pour les résines composites à prise duale (photo- et chémo-polymérisables). C’est ce à quoi se sont intéressés les auteurs des deux articles rapportés parus en cette année 2022 dans la même revue, Clinical Oral Investigation.
L’équipe italienne auteure du premier article a étudié l’influence du mode d’activation de la polymérisation d’une colle composite à prise duale associée à un adhésif universel sur sa force d’adhésion à la dentine, sur la présence de nanodéfauts d’adhérence interfaciaux et sur la résistance à la dégradation enzymatique à long terme. Deux types de colle duales (Variolink Esthetic DC (Ivoclar Vivadent) et RelyX Ultimate (3M)) ont ainsi été utilisés, associés à l’adhésif universel iBond Universal Adhesive (Heraeus Kulzer) pour assembler de manière indirecte un échantillon en résine composite polymérisé sur une surface dentinaire exposée d’une 3e molaire extraite dans un protocole réalisé au laboratoire. Un groupe de 10 échantillons a ainsi été constitué pour chaque type de colle. Dans chaque groupe, 5 échantillons ont été assemblés avec une colle mise en œuvre en mode uniquement auto-polymérisable et les 5 autres en mode…