Situation
– En attendant dans la salle d’attente de mon radiologue, j’ai assisté à l’arrivée d’une patiente près du comptoir d’accueil. L’assistante, qui l’a aussitôt reconnue, lui a dit haut et fort : « Non Madame Martin, votre mammographie, ce n’est pas aujourd’hui, elle a été reportée à demain. » La pauvre patiente s’en est allée, dépitée, tandis que les nombreux patients qui attendaient dans la salle échangeaient des regards interrogateurs… Madame Martin a donc peut-être un cancer du sein ?!
– Je me suis alors questionné sur la confidentialité nécessaire dans la salle d’attente de nos cabinets dentaires. Aurions-nous l’idée de rappeler bien fort à une Madame Martin que la pose de son appareil dentaire n’est pas pour aujourd’hui, ou que ses extractions dentaires sont pour demain ?
– Comment accueillir le patient sans risquer de dévoiler son secret médical ?
Réflexions Professeur Jean Valcarcel
Professeur des Universités Praticien hospitalier Faculté d’odontologie de Montpellier
Ancien Doyen
L’un des fondements principaux des relations sociales et professionnelles de nos sociétés repose sur la dualité entre la nécessité de transparence, comme garantie d’exigence morale et de légalité avant de devenir une règle de bonnes pratiques dans un monde « aveuglé par un nuage informationnel » [1], souffrant « d’infobésité » [2], et la nécessité, en contrepartie, de disposer d’un contrepouvoir, le secret à titre personnel, professionnel, confessionnel ou autre comme garantie de respect de l’intime et du rapport entre ce qui relève du public et du privé. Premier parmi ces secrets, le secret médical est le fondement éthique de l’exercice de nombreuses professions de santé comme dernier rempart du respect de la personne. Le serment d’Hippocrate, dans sa forme originelle, rappelle aux dépositaires que « quoi que je voie ou entende dans la société, pendant…