Commission scientifique et de la recherche
Malgré les progrès dans la prise en charge des douleurs postopératoires chirurgicales, celles-ci restent une source non négligeable de douleurs aiguës puis chroniques. Dans ce domaine, et pour un même type d’intervention chirurgicale, il existe une variabilité inter-individuelle très importante. Les auteurs ont donc décidé de s’intéresser à une variable individuelle, la pression artérielle, qui, d’après la littérature existante, serait associée à la perception douloureuse. Cependant, les données disponibles sont ambiguës, voire contradictoires, certaines montrant une association inverse entre pression artérielle au repos et douleurs postopératoires aiguës, alors que d’autres retrouvent bien une relation positive entre les deux chez des patients souffrant de douleurs chroniques temporo-mandibulaires.
Cette étude prospective observationnelle a été menée chez des patients adultes lors d’avulsions dentaires sous anesthésie locale. Les caractéristiques démographiques habituelles dans ce genre d’étude (sexe, âge, poids, indice de masse corporelle) ont été collectées ainsi que les antécédents médicaux, en particulier ceux liés à la tension artérielle. Les expériences douloureuses antérieures postchirurgicales ont aussi été investiguées. La pression artérielle et la fréquence cardiaque préchirugicales étaient enregistrées après une période de repos de 5 minutes. Les caractéristiques afférentes à l’intervention étaient la compétence de l’opérateur, le nombre de dents avulsées, la difficulté et la durée opératoire ainsi que le nombre de cartouches anesthésiques utilisées. La douleur postopératoire était enregistrée à l’aide d’une échelle visuelle analogique toutes les 10 minutes pendant 6 heures. Le type, la dose et la quantité d’antalgiques utilisés étaient également renseignés ainsi que le moment de la première prise postopératoire. Un total de 293 patients, 135 femmes et 158 hommes, a participé à l’étude.
L’analyse statistique univariée montre une relation positive entre l’intensité de la douleur postopératoire et l’âge, les antécédents d’hypotension, les expériences déjà vécues dans des circonstances similaires, le nombre de dents avulsées, l’avulsion d’une troisième molaire et la durée de l’acte chirurgical. En revanche, aucune relation n’est enregistrée en ce qui concerne le sexe et le niveau d’anxiété. L’analyse multivariée révèle une corrélation positive entre l’intensité de la douleur postopératoire et le maxillaire concerné (la mandibule étant plus impliquée), la profondeur de l’inclusion dentaire et la tension artérielle au repos. En ce qui concerne ce dernier paramètre, plus cette dernière est élevée, moins intense est la douleur postopératoire. Cela suggère un rôle protecteur antalgique pour une tension artérielle élevée.
Cette étude fourmille d’autres résultats très intéressants et demande une lecture attentive. Il eut aussi été intéressant d’investiguer dans cette étude les effets d’une analgésie anticipée, c’est-à-dire systématique et indépendante du stimulus douloureux, tant vis-à-vis de l’activité antalgique postopératoire (ce qui a déjà été démontré moult fois il est vrai) que du niveau de la pression artérielle dans ce cas bien précis.
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