Le ciel était bas, la température frisquette, mais les cœurs et les chœurs, chauffés à blanc, à l’unisson contre le projet de loi de santé de Marisol Touraine. Pari réussi ce dimanche 15 mars. Les professionnels de santé, médecins, infirmiers, orthophonistes, kinés, chirurgiens-dentistes… étaient bien au rendez-vous : 19 000 manifestants selon la police, 50 000 selon les organisateurs. Exceptionnel ! Vers 14 heures, quand le cortège s’élance sur le boulevard Raspail, les internes en tête, hurlants derrière un camion sono tous décibels techno dehors, les chirurgiens-dentistes attendent leur tour sur la place Denfert-Rochereau noire de monde, entre musique, graillon et fumigènes, devant des touristes médusés venus visiter les catacombes.
Certains praticiens sont là depuis deux bonnes heures déjà. Ils s’élanceront, en fin de cortège, vers 15 heures seulement. L’ambiance est bon enfant, fraternelle, même si les professions et leurs syndicats défilent les uns derrières les autres. Peu de mélanges, mais des slogans communs dans les gorges : « Marisol si tu savais, ta réforme, ta réforme… », « Marisol t’es foutue… », « Tous ensemble, tous ensemble… », et sur les banderoles : « Un tiers payant, deux tiers méfiant », « Santé : avec MST ça capote », « Marisol : ta réforme pue de la gueule », « La santé n’est pas à vendre »… Blouses blanches, bleues, roses, vertes, casaques, stéthoscopes, tenues de bagnards et T-Shirt siglés « No négo » sont de sortie : joyeuse cohorte.
Le lendemain, 16 mars, elle indique que son texte sera examiné en procédure accélérée. Il n’y aura qu’une seule lecture à l’Assemblée et au Sénat contre deux habituellement. « Je ne crois pas qu’il soit utile que le débat s’étire
pendant six mois, huit mois », dit celle qui souhaite pourtant poursuivre la concertation avec les professionnels de santé. Dialogue de sourd. Alors, tout ça pour ça ? Peut-être pas. Il faudra attendre la fin des débats pour savoir si cette grande manifestation aura, un peu, porté ses fruits.
Amendements : attention danger
Dans son contenu initial, le projet de loi de santé, dont l’examen en commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale a débuté le 17 mars, n’impacte pas frontalement la profession.
On y trouve certes la généralisation du tiers payant, le plafonnement des tarifs de prothèse pour les assurés bénéficiaires de l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé (ACS) dès le 1er juillet, le recours au testing pour lutter contre « les refus de soins » ou une refonte du DPC, mais les sujets qui fâchent vraiment (dissociation de l’acte prothétique, ouverture du capital des SEL ou encore affichage du prix d’achat de la prothèse), s’ils s’invitent, viendront par le biais d’amendements déposés par le gouvernement ou des parlementaires.
Toutes ces réformes devaient à l’origine trouver leur place dans la loi Macron, mais, touchant une profession de santé, en avaient été évacuées. Elles pourraient bien réapparaître dans cette loi de santé.
Un Grenelle de la santé bucco-dentaire
L’Ordre National des Chirurgiens-Dentistes va adresser une pétition à la ministre de la Santé.
Il demande que soit organisé un Grenelle de la santé bucco-dentaire, « un grand débat national réunissant toutes
les parties prenantes de la santé bucco-dentaire, dont les patients, pour en redéfinir le modèle social et économique ».
La pétition est en ligne sur www.sauvonsnosdents.com
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