Peut-on soigner sa famille en respectant des principes éthiques ?

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  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°40 - 17 novembre 2021 (page 40-43)
Information dentaire

Lorsque le patient est un membre de sa famille, la relation de soins peut être compromise par le lien émotionnel, familial ou personnel. Or, les traitements nécessitent une objectivité et une distance vis-à-vis du patient. En présence d’un proche, le praticien peut être amené à éviter certaines questions, certains examens ou certains actes. Il peut avoir tendance à raccourcir les traitements, à éviter la rédaction d’un devis ou le recueil d’un consentement. Parfois, la confidentialité et la pudeur sont chahutées.

En France, rien n’interdit de soigner sa famille. Il faut cependant être capable de lui proposer une prise en charge en position de neutralité, indépendance et bienveillance au même titre que les autres patients.

Situation

– « Peux-tu jeter un coup d’œil, j’ai mal aux dents depuis quelques jours ? »

Nous avons tous été questionnés de la sorte par un proche ou par un membre de notre famille. Face à cette situation, je suis embarrassé de répondre qu’il faut appeler mon secrétariat pour prendre un rendez-vous et suis gêné de rappeler le respect des dates de rendez-vous et de mon organisation de travail. Me voici face au dilemme de faire profiter à des personnes que j’aime de mes compétences et de mes connaissances, et ressentir une difficulté à conduire des soins avec objectivité.

– Quelles recommandations suivre avant de soigner ses proches ou sa famille ?

– Devrais-je plutôt orienter leur prise en charge vers un confrère ?

Réflexions du Docteur Damien OFFNER

Maître de conférences des universités – Praticien hospitalier
Faculté de chirurgie dentaire de l’Université de Strasbourg

La question de soigner sa famille se pose dans les deux sens de la relation de soin. Le praticien va-t-il éviter de poser certaines questions ? Le patient va-t-il éviter de répondre à certaines questions ? Les liens familiaux ne sont pas de nature universelle, certains sont teintés de pudeur, d’autres beaucoup plus critiques. Il peut être difficile, à la fois pour le praticien et pour le patient, de se dévoiler comme on le ferait à un praticien qu’on ne connaît que dans la relation médicale. Dans un autre registre, le praticien peut être amené à prendre des raccourcis dans le plan de traitement pour – initialement – « arranger » le membre de sa famille, qui pourrait être gentiment insistant dans une demande d’un traitement rapide. Ces raccourcis, tout praticien le sait, ne sont jamais une bonne idée. Le praticien pourrait aussi être tenté de proposer des thérapeutiques plus singulières, toujours pour « arranger » son patient, mais qui ne répondent pas tout à fait aux recommandations cliniques. Tout…

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