Voilà cent et cent ans, bien davantage encore, trois mille ans peut‑être, et qu’importe, quittons l’arithmétique, il était courant de rencontrer sur quelque sentier de la Grèce antique des dieux, des déesses, des nymphes croisant des humains qui flânaient dans la transparence de quelque féerie.
Ainsi, près de champs fertiles aux riches récoltes de choux et de lentilles, de fèves et d’olives, on saluait Déméter. Puis, regardant la mer, et ses fureurs et ses colères, on devinait le frère de Zeus, Poséidon, monté sur son char d’or, quittant son immense palais sous les flots pour chahuter rameurs et trières.
Un jour, levant vers le ciel son regard distrait, un promeneur aperçut, entre Asie mineure et Grèce, le char d’or du maître des mers, tiré par des chevaux ailés. Mais qui reconnut-il, guidant ces magnifiques coursiers volants ? Pélops lui-même, l’éblouissant petit-fils de Zeus, fils du mortel Tantale qui, pour avoir volé le secret des dieux, subit pour l’éternité le supplice de la faim et de la soif ! Il se trouve que ce promeneur arrivait en Élide, au sud-ouest de la Grèce. Il vit donc le char d’or atterrir dans le royaume d’Œnomaos.
Ce roi cruel venait d’exécuter le treizième prétendant de sa fille Hippodamie. En effet, comme les douze autres, cet amoureux avait perdu la course de chars qui lui eût offert non seulement la fille du roi, mais le royaume tout entier, car Œnomaos vaincu devait être mis à mort.
Cet amoureux avait perdu la course de chars qui lui eût offert non seulement la fille du roi, mais le royaume tout entier.
Avant de relever le défi, Pélops conclut un pacte avec le fils d’Hermès, Myrtilos, cocher du roi et fou amoureux d’Hippodamie : s’il sabotait le char royal, il gagnerait une nuit avec la belle. Myrtilos, tout enfiévré par cette promesse, remplaça les chevilles de bronze des essieux par des chevilles de cire. Pélops vainquit, passa au fil de son épée…