Les Mousquetaires caracolent de nouveau en tête du box-office et provoquent une fois de plus le duel critique : « Rien à voir avec l’esprit de l’époque » versus « Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait le showbizness » – un débat où, incidemment, la du Barry vient mettre son grain de sel. Deux expositions contrastées, mais également documentées, permettent à chaque camp de croiser gentiment le fer.
Jouer des coudes, mais surtout des codes
À défaut de son château disparu, le musée du Domaine royal de Marly conserve intacte une mémoire aussi utile à l’histoire des arts qu’à celle des mentalités et représentations.
À travers cette exposition consacrée aux rapports entre séduction et pouvoir, on touche du doigt les plus authentiques ressorts des mécanismes à l’œuvre sous l’Ancien Régime. Le Grand Siècle et celui des Lumières ont porté à un certain apogée le raffinement de leur codification, commandé par un bref mais impérieux maître mot : paraître. Tout est là. S’il s’est enrichi, des ferrets de la reine au collier de Marie-Antoinette, le fil reste le même et relie toute une société dans des nœuds de solidarités et d’obligations. Il faut être en état de paraître, devant le roi, à la cour, aux yeux du monde. C’est d’abord une question de statut et d’héritage féodal : pour légitimer ses prérogatives, l’aristocratie doit « vivre noblement » à la fois sur le plan matériel et social, c’est-à-dire donner tous les signes d’une aisance non seulement financière mais comportementale, qui ne s’apprend qu’entre initiés et se pratique tacitement. Ensuite, il faut plaire : on ne présente plus, comme jadis à la « montre » des chevaliers, les armes qui fondent sa puissance, mais les charmes qui font rechercher sa présence. L’exercice n’en est pas moins périlleux.
À la cour, paraître est un art de chaque instant, disparaître…