Qui ne rêve de voir un hôtel particulier du XVIIIe siècle ressuscité d’un coup de baguette magique sur les Grands Boulevards ? Telle est la belle surprise qu’offre à ses visiteurs l’hôtel de Mercy-Argenteau, restauré avec tous ses ors par l’École des Arts Joailliers. Rare vestige des fastueuses demeures bâties sur l’ancienne ceinture de remparts transformée en promenade, l’édifice témoigne de la vocation qu’elle eut très tôt de se faire l’écrin des plaisirs et des divertissements du Paris de l’Ancien Régime. L’ayant senti d’instinct, les plus favorisés (par le rang, la fortune ou divers agiotages souvent plus heureux qu’avouables) s’empressèrent d’investir dans la terre et la pierre tout au long de ce ruban doré où alternaient théâtres, cafés, salles de concert, de bal, de jeux, où rutilaient toutes sortes d’établissements dédiés à la mode, à la coiffure, aux parfums, aux bijoux.
Le souvenir de cette riche animation s’est perpétué au fil du temps dans la mémoire collective des Parisiens, quoique les beaux hôtels et les boulevards aient maintes fois changé de mains, d’aspect et de types d’attractions. Leur scintillant continuum, même s’il clignote par endroits, persiste dans la Ville Lumière et reste empreint d’une image d’axe majeur de la vie parisienne. Cette image est d’ailleurs entretenue par le nom de « quartier des théâtres » qu’on lui donne. L’appellation de quartier, qui peut paraître étrange vu le long étirement de son croissant, se justifie pleinement par le nombre de salles de spectacles qu’il relie entre la Bastille, l’Opéra et le rond-point des Champs-Élysées, son magnétisme incluant, malgré leur excentrement, les salles du Palais Royal et de la Comédie-Française. Aussi est-ce à bon droit et en bonne connaissance de l’histoire que l’hôtel Mercy-Argenteau, jalon de ce quartier des théâtres, inaugure sa renaissance à travers l’exposition…