Mémoires en résonances

  • Par
  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°36 - 25 octobre 2023 (page 100-105)
Information dentaire

Féerique Fellini

Trente ans après sa disparition, Federico Fellini n’est pas oublié. Seulement il manque. Sa truculence, son énergie de démiurge, son sens du grotesque, sa lyrique poésie vagabonde manquent, dans une production cinématographique quiparfois se perd entre frénésie stroboscopique sous amphètes et pâle étiologie de névroses imbibées d’antidépresseurs.

Avec Fellini, on ne savait jamais où il allait nous mener, parce que lui-même ne le savait pas toujours, ou l’oubliait en cours de route. À cela, il y avait plusieurs raisons. Ennemi du formatage et du plan de tournage, il adorait de toute façon jouer au chamboule-tout. Ami de l’errance urbaine qu’il pratiquait en maître, il s’autorisait de désorientantes dérives situationnistes jusqu’au bout de la nuit, toujours plus italienne qu’américaine. Et surtout, la frontière entre rêve et réalité était chez lui des plus mince et mouvante. Son imagination la traversait constamment sans rien avoir à déclarer à d’autres qu’à ses deux douaniers de l’inconscient, un psychanalyste jungien et un médium, consultés avec plus de curiosité créative que d’inquiétude malgré ses notoires superstitions et goût de la parapsychologie. La mémoire est le fil conducteur de son œuvre, mais il lui arrivait de les perdre, tous deux, ne sachant plus, en plein tournage, quelle idée le guidait, quelle image fixe l’avait inspiré. Ses films, baignés d’onirisme et hantés de figures carnavalesques ou grand-guignolesques, racontent avant tout ces démêlés avec le réel. Ils apparaissaient déjà dans ses dessins, mais le cinéma était bien le médium qu’il fallait à ses fascinations visuelles et mémorielles. Un cinéma resté très proche de la stupéfiante révolution de l’image, du récit et de l’impact sur l’imaginaire qu’avait créée son invention liant magie et féerie, surnaturel et surréel.

En un sens, Fellini le manie avec cette foi enthousiaste et…

Cet article est réservé aux abonnés.
Pour lire la suite :

Vous êtes abonné.e ? Connectez-vous
Mot de passe
oublié ?

Vous pouvez également :

Acheter l'article En version numérique
Acheter le numéro À l'unité

Thèmes abordés

Sur le même sujet

À découvrir

Article réservé à nos abonnés Questions d’œil

Le voir pour le croire ? Avant la photographie, représenter le réel était le fait des peintres, sinon leur unique but....
À découvrir

Article réservé à nos abonnés La malédiction des musées dentaires parisiens

Nous vous proposons dans les pages qui suivent le dernier article rédigé par Micheline Ruel-Kellermann pour notre revue. Ces pages...
À découvrir

Article réservé à nos abonnés Tarsila Do Amaral, Passeuse du modernisme brésilien

Il faut croire que la bestiole n’est pas si mauvaise, puisqu’en quelques mois, voilà Tarsila sortie de l’ombre pour recevoir...
À découvrir

Erdal Alantar par Alp Alantar

Notre confrère Alp Alantar publie aux éditions « lelivredart » une biographie consacrée à son père, Erdal Alantar (1932-2014), qui quitta son pays...
À découvrir

Jean-Jacques Lasfargues publie un nouveau recueil de poésies

Notre confrère Jean-Jacques Lasfargues, membre titulaire de l’Académie de chirurgie dentaire, publie le troisième volet de sa « trilogie poétique » intitulé...
À découvrir

Article réservé à nos abonnés L’Eureka de Nicéphore. Premier bicentenaire de la photographie

Avance sur image Pourquoi ce 16 septembre la photo­graphie fêtait-elle son bicentenaire, avec trois ans d’avance sur les commémorations prévues ? Mais...