Matisse, le bonheur de revivre

  • Par
  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°16 - 19 avril 2023 (page 50-53)
Information dentaire

La crise de 29, ou comment s’en sortir

Fin 1929, Matisse ne s’inquiète pas de l’événement de l’année, le krach américain, mais du non-événement qui frappe sa peinture. Ce 31 décembre-là marque l’entrée du siècle dans une nouvelle décennie, mais la sienne aussi : c’est le jour de ses soixante ans, et il n’est pas sûr d’avoir du neuf à offrir. Il doute, vasouille au terme de sa série des Odalisques, très fructueuse mais qui l’a achevé, et il sèche face au chevalet : « Devant la toile, je n’ai aucune idée, tandis qu’en dessin et en sculpture ça marche à souhait », confie-t-il à sa fille. Il se force, s’installe pinceau en main, attend. Rien, pas d’inspiration, d’envie, il n’arrive même pas à finir l’entrepris. On fête son talent, à New York comme à Paris, mais à coups de rétrospectives, dont la grande pompe lui fait craindre un enterrement du même ordre. Et plus on encense le Fauve qui a mordu dans l’art moderne, moins il s’en sent les dents. Il lui faut retrouver, pour rejaillir, l’énergie de l’élan primal ou une fontaine de jouvence. Un voyage ? Chiche ! Aux États-Unis, tiens. Et même beaucoup plus loin, vers ce matin du monde, cette Polynésie idéalisée qui fait tant rêver l’époque et les artistes depuis Gauguin.

En 1930, le rêve n’est pas usé et il peut encore tenter un Matisse à bout d’orientalismes. Son goût du primitivisme, affirmé et connu, répond au fond à sa volonté de « retrouver la pureté des moyens », et le mot de primitif s’applique en réalité pour lui aussi bien à Giotto qu’aux objets venus d’Afrique, d’Asie, d’Océanie, de terres amérindiennes qu’il collectionne comme Vlaminck, Derain, Picasso, et qu’Apollinaire nomme « arts des pays lointains ». Mais dans un imaginaire colonial ambiant aussi peu soucieux de géographie que de respect des origines, tout cela se fond dans un exotisme vague et sensuel qui va des rivages orientaux aux…

Cet article est réservé aux abonnés.
Pour lire la suite :

Vous êtes abonné.e ? Connectez-vous
Mot de passe
oublié ?

Vous pouvez également :

Acheter l'article En version numérique
Acheter le numéro À l'unité

Thèmes abordés

Sur le même sujet

À découvrir

Article réservé à nos abonnés Questions d’œil

Le voir pour le croire ? Avant la photographie, représenter le réel était le fait des peintres, sinon leur unique but....
À découvrir

Article réservé à nos abonnés La malédiction des musées dentaires parisiens

Nous vous proposons dans les pages qui suivent le dernier article rédigé par Micheline Ruel-Kellermann pour notre revue. Ces pages...
À découvrir

Article réservé à nos abonnés Tarsila Do Amaral, Passeuse du modernisme brésilien

Il faut croire que la bestiole n’est pas si mauvaise, puisqu’en quelques mois, voilà Tarsila sortie de l’ombre pour recevoir...
À découvrir

Erdal Alantar par Alp Alantar

Notre confrère Alp Alantar publie aux éditions « lelivredart » une biographie consacrée à son père, Erdal Alantar (1932-2014), qui quitta son pays...
À découvrir

Jean-Jacques Lasfargues publie un nouveau recueil de poésies

Notre confrère Jean-Jacques Lasfargues, membre titulaire de l’Académie de chirurgie dentaire, publie le troisième volet de sa « trilogie poétique » intitulé...
À découvrir

Article réservé à nos abonnés L’Eureka de Nicéphore. Premier bicentenaire de la photographie

Avance sur image Pourquoi ce 16 septembre la photo­graphie fêtait-elle son bicentenaire, avec trois ans d’avance sur les commémorations prévues ? Mais...