Situation
– Demain, je veux équiper mon cabinet dentaire d’une machine capable de lire toutes les radiographies et de me dévoiler les moindres lésions carieuses, fêlures, ou infections débutantes.
– Demain, je veux pouvoir poser des prothèses dentaires intelligentes issues de la CFAO, qui s’adapteront aux contraintes occlusales et qui m’orienteront, à travers l’envoi de données numériques, vers les zones à risque de fracture, les zones d’usure…
– Demain, le choix de la teinte sera effectué par la machine en une fraction de seconde. La forme et le positionnement des dents prothétiques auront été établis par l’IA, en tenant compte de l’âge du patient, de son sexe, de son origine géographique, de l’analyse des mouvements mandibulaires, des morphologies de toutes les dents des arcades, des parafonctions, des habitudes alimentaires…
– Demain, toutes mes chirurgies seront assistées par ordinateur. J’en aurais présenté la vidéo conceptuelle à mon patient pour qu’il visualise, avant l’intervention, toutes les étapes avec la plus grande précision. Parfois, des collègues participeront à distance à la pose de mes implants et la précision du geste sera si aidante, que je sentirai moins la fatigue morale ou physique.
– Demain… pourrai-je me passer de la machine ? De la formation de mes maîtres ? Serai-je tenu de retenir mes connaissances médicales ? De continuer à exercer mes mains ? Pourrai-je travailler après 70 ans ? Aurai-je la même interaction avec mes patients ? Resteront-ils mes patients ou ceux des machines dont je ne sais si j’en garderai le contrôle ? Pourrai-je assurer la protection de la vie privée et des données personnelles ?
– Dois-je craindre cet avenir avec le risque de générer des machines dotées d’une conscience propre qui vise à imiter le vivant et à interagir avec les humains ?
Réflexions du Docteur Côme Bommier
Hématologue à l’hôpital St Louis (Paris)
Société…