Situation
- À chaque élection, il se trouve toujours un patient qui oriente la discussion sur ses opinions politiques. Citoyen engagé, je voudrais m’y associer…
- Croyant, je porte sur moi les signes de ma religion. Je vois bien que mes patients les remarquent. La plupart restent silencieux, d’autres veulent en savoir plus…
- L’homme n’a jamais marché sur la lune, Napoléon n’a pas existé, Neptune est à l’origine du dérèglement climatique de notre planète. J’y crois et je veux le dire…
- Je veux afficher dans ma salle d’attente des tracts qui dévoilent l’assassin du président Kennedy et porter un tee-shirt pour légaliser la drogue en France…
- La seule musique qui m’apaise, c’est la musique sacrée des chants religieux… Elle est diffusée en boucle dans mon cabinet…
- Je suis contre l’IVG et j’assume les photographies de fœtus sanglants disposées dans mon bureau.
Me laisser libre de mes opinions dans mon cabinet m’apparaît être un droit légitime. Mais je ne veux pas heurter la sensibilité de mes patients pour éviter de perturber leurs soins. Dans ce cadre, quelles sont les limites acceptables à ma liberté sur le plan de l’éthique ?
Réflexions du Docteur Thomas Trentesaux
Maître de Conférences des Universités, Praticien Hospitalier – Faculté de chirurgie dentaire de Lille
Il est d’usage d’entendre que la liberté des uns s’arrête où commence celle des autres. Dans une période marquée par de dramatiques événements en lien avec la liberté d’expression ou l’exercice de la laïcité, cette question sociétale se transpose tout naturellement au sein de nos cabinets.
La rencontre entre un patient et son chirurgien-dentiste constitue un colloque singulier. Derrière ce qui était considéré comme la rencontre d’une conscience et d’une confiance, c’est aujourd’hui une relation plus équilibrée, marquée par une revendication forte d’autonomie du…