Limiquimod (analogue nucléosidique de la famille des imidazoquinolines) est un immunomodulateur dont l’activité repose essentiellement sur son rôle de ligand des TLR 7 et 8. Cela lui confère ses propriétés antivirales en générant une synthèse accrue d’interféron alpha, de cytokines pro-inflammatoires (IL 1, 6 et 8) promouvant, entre autres, l’activation des cellules présentatrices d’antigènes, impliquées dans l’immunité antivirale (l’imiquimod est indiqué comme traitement local des condylomes ano-génitaux). Il agit également sur la voie des caspases favorisant l’apoptose cellulaire, ce qui lui confère des propriétés antitumorales (indication dans le traitement des petits carcinomes baso-cellulaires superficiels et de certaines formes de kératoses actiniques).
La leucoplasie orale (OL) est couramment traitée par excision chirurgicale. Cependant, cette prise en charge est invasive, potentiellement délabrante et difficile à proposer pour des lésions multifocales/prolifératives. Les approches non chirurgicales telles que la vitamine A, le tocophérol, le bêta-carotène ou la thérapie photodynamique ne donnent pas satisfaction.
Compte tenu de son efficacité prouvée sur certaines lésions précancéreuses et cancéreuses, les auteurs de cette étude partent sur le principe que l’imiquimod pourrait être un traitement non invasif prometteur pour le traitement des OL.
Afin de valider leur hypothèse, les auteurs ont analysé rétrospectivement les patients atteints d’OL (présentant une dysplasie (légère à modérée ou focalement sévère) ou une hyperkératose, localisée (dans 29,4 % des cas) ou multifocales/prolifératives (dans 70,6 % des cas)) traités par application topique d’une crème d’imiquimod à 5 % (en première intention (pour 64,7 % des cas) ou seconde intention après excision chirurgicale (20,6 %) ou injection de nivolumab dans le cadre d’un autre essai clinique (14,7 %)). Les données…