Risque chimique et maladies chroniques
« Un perturbateur endocrinien est une substance ou un mélange exogène altérant les fonctions du système endocrinien et induisant des effets nocifs sur la santé d’un organisme intact, de ses descendants ou au sein de sous-populations » [1]. Il peut avoir des effets délétères sur le métabolisme, le système immunitaire ou encore la reproduction.
Les molécules qui viennent perturber le système hormonal et l’empêcher de jouer son rôle de régulateur, entraînent des réactions inappropriées de l’organisme et des effets néfastes sur la santé. Un nombre croissant d’études in vitro, in vivo et épidémiologiques documentent la relation entre l’exposition à ces substances et le développement des maladies non transmissibles [2]. Depuis les années 50, une hausse significative du nombre de cas de cancers hormono-dépendants – sein, prostate, testicules –, de diabète de type II, d’obésité ou encore de troubles du comportement, est observée. À celle-ci s’ajoute le constat d’une infertilité croissante liée à une baisse du nombre de spermatozoïdes chez l’homme, des cas plus nombreux de malformations génitales chez les garçons et de puberté précoce chez les jeunes filles.
Il est très complexe d’établir un lien catégorique entre l’« épidémiologie mondiale de maladies chroniques », annoncée depuis 2006 par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), et l’exposition aux perturbateurs endocriniens [3]. En effet, ces pathologies non transmissibles sont souvent multifactorielles et relèvent majoritairement d’une exposition chronique avec effets potentiels retardés, à cela s’ajoute une susceptibilité individuelle variable. Néanmoins, la rapidité de cette évolution, sur quelques générations, ne peut s’expliquer par des phénomènes purement génétiques ou l’augmentation de l’espérance de vie, mais serait plus en lien avec l’évolution des facteurs environnementaux…