De la croyance en l’accroissement continu des dents
Antiquité
Sur l’origine des tissus, Aristote (384-322) apparente « les dents aux ongles, cheveux et poils » qui s’accroissent continuellement, compensant ainsi l’usure naturelle des dents. Pour Claude Galien (129-217 ?), « la peau contient les poils comme les gencives, les dents ». La dent est, pour lui, un os « privilégié », parce qu’il contient un nerf et « croît » sans cesse. Flavius Aetius (395-454) précise que les dents deviennent branlantes et tombent quand la nutrition n’opère plus pour maintenir la croissance.
XVIe siècle
Pour André Vésale (1514-1564), « les dents sont des os, un peu spéciaux, dénudés, sensibles parce que pourvues autour de leurs racines de fibres nerveuses molles, susceptibles de croître indéfiniment parce qu’elles sont davantage nourries que les autres os » (La Fabrica, 1543).
Bartolomeo Eustache (c. 1510-1574), le seul à avoir déclaré que la dent n’était pas un « os », est confus concernant l’accroissement. Il dit d’abord : « Elles s’accroissent sans cesse, comme l’écrit Aristote ou comme l’écrit Galien, souvent, presque à chaque période de la vie, pour qu’elles puissent sans dommage s’acquitter de leur fonction propre. Et, en effet, comme nous l’avons exposé, si elles ne croissaient pas du tout, elles seraient rapidement usées par le frottement. » Mais ailleurs, il écrit : « Si les dents néanmoins semblent plus grandes, il ne faut pas se fier, de prime abord, à leur aspect, parce que, souvent, les gencives étant érodées, les dents, allongées par une humeur ou une quelque autre substance, donnent l’impression d’avoir grandi ou parce que, parfois, les dents qui leur faisaient face ayant été arrachées, elles-mêmes ne s’usent plus autant que leurs autres voisines, diminuées » (Libellus de dentibus, 1563).
Pour Ambroise Paré (1510-1590), « les dents diffèrent des autres os…