Dans l’air du temps…
Du souffle, il en faudra à tous les sportifs des JO pour l’emporter sur les divers terrains tandis que nous retiendrons le nôtre, haletants devant l’exploit qui surpasse les limites. Les artistes aussi sont perpétuellement à la recherche du souffle, celui de l’inspiration, et bien souvent d’un deuxième souffle quand il leur faut se renouveler afin de ne pas lasser. Ils peuvent même en faire le moteur de leur œuvre, à travers une expression plastique qui invite à méditer sur le principe originel de ce souffle que tant de spiritualités, du Qì taoïste au pneuma grec et rûah de la Genèse, associent à l’esprit créateur qui anime le monde. Dans l’actualité, plusieurs expositions nous soufflent de belles idées de découverte…
Inventer aux vents du globe
Jeune peintre dans le Japon des années 60, Susumu Shengu découvre à Rome ces artistes de la Renaissance qui sont aussi bien ingénieurs et conçoivent comme Vinci des machines. Cette alliance de science et d’art stimule chez l’étudiant boursier l’intérêt déjà marqué qu’il porte au vent, dont il sent l’invisible force capable de produire autant de beau que d’utile. Le déclic vient d’une rencontre avec un compatriote patron des chantiers navals d’Osaka. Amateur d’art, celui-ci comprend cet attrait sensible pour les énergies naturelles et met à sa disposition les moyens de l’épanouir : un atelier et une équipe d’ingénieurs auprès desquels il perfectionnera sa maîtrise du mobile, du fixe et des surfaces offertes au vent, du plus léger souffle en espace abrité aux poussées les plus violentes de milieux hostiles. Au fil des ans, ses structures à la fois graciles et résistantes jouent ainsi avec les éléments dans les environnements les plus divers : cercle polaire, steppes de Mongolie, désert du Maroc ou cordon dunaire du Brésil, mais aussi cadres paysagers de parcs japonais ou très architecturés comme le bassin des Tuileries…