Selon les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le dépistage des cas d’infection au SARS-CoV-2 et l’augmentation de la capacité de dépistage doivent être considérés comme la principale politique de surveillance de la pandémie actuelle. Un dépistage massif ou un dépistage précoce des cas asymptomatiques suspects pourrait aider à réduire la transmission, limitant la propagation de la maladie. Le diagnostic de Covid-19 nécessite actuellement l’obtention d’un échantillon par un prélèvement naso-pharyngé (PNP), qui doit être effectué par un personnel médical ou formé. Un test rRT-PCR est ensuite effectué, test qui a une spécificité élevée pour la détection du virus. Cependant, le PNP n’est pas la méthode idéale de prélèvement d’échantillons, notamment en termes d’adhésion du patient. De plus, il s’agit d’une technique invasive qui peut exposer le personnel soignant aux aérosols dus à la toux du patient et aux complications associées comme l’épistaxis (qui peut être sévère chez les patients anticoagulés). Dans ce contexte, d’autres sources de prélèvement d’échantillons ont été proposées, dont la salive, qui offrirait certains avantages par rapport au PNP.
Le but de cette revue systématique de la littérature était d’évaluer la valeur de la salive en tant qu’échantillon non invasif pour la détection du SRAS-CoV-2, en comparant la sensibilité de détection avec la méthode actuelle de prélèvement d’échantillons par voie naso-pharyngée.
Cette revue a été réalisée selon les règles PRISMA. Ont été inclus les rapports de cas et les séries de cas évaluant la salive comme échantillon pour la détection du SARS-CoV-2, publiés entre décembre 2019 et octobre 2020, en anglais, et disponibles en texte intégral.
Au total, 48 articles ont été recensés en interrogeant les bases de données (PubMed, Cochrane, EBSCO, Elsevier, et MEDLINE). 40 ont été sélectionnés en examinant les titres et les résumés. Après analyse par deux relecteurs, 34 articles répondant aux critères d’inclusion ont été retenus pour la revue des textes intégraux. Après examen du texte intégral, un accord a été conclu par les deux examinateurs pour inclure 22 articles dans la revue actuelle.
7 630 sujets ont ainsi été testés et inclus dans cette revue. 862 sujets étaient positifs au SARS-CoV-2. Seuls 16 articles rapportaient le sexe des patients ; l’âge moyen était de 55,6 ans (allant de 18 à 106 ans). 11 études ont rapporté la sensibilité et la spécificité de la salive pour la détection du virus. 3 études n’ont rapporté que la sensibilité. La sensibilité variait de 20 % à 97 %, avec une moyenne de 79,47 % pour toutes les études incluses. La spécificité s’échelonnait de 66 % à 100 %, avec une moyenne de 90,48 %. Une seule étude a rapporté l’indice de concordance entre la salive et le PNP, indice qui était de 97,4 % avec un kappa de 0,87.
Les auteurs en concluent que bien que la sensibilité et la spécificité des échantillons de salive ne soient pas équivalentes au PNP dans tous les cas, les valeurs sont relativement similaires pour les cas symptomatiques à charge virale élevée et assez acceptables pour les patients asymptomatiques à faible charge virale.
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Le prélèvement salivaire peut être considéré comme approprié pour un dépistage de masse ou pour le diagnostic de cas suspects dans les établissements de santé où les ressources sont rares et où les PNP peuvent ne pas être largement disponibles.
Bien qu’ayant des valeurs de sensibilité et de spécificité moindres, le prélèvement de salive a pour intérêt de pouvoir être effectué par le patient lui-même, évitant ainsi de se rendre dans un établissement de santé (et diminuant le surpeuplement et l’exposition) ; ce type de prélèvement est de plus facile, rapide, largement accepté par les patients et économique. Le dernier intérêt de cet article est de donner les bases nécessaires à une harmonisation des procédures de prélèvement, de stockage et de manipulation des échantillons pour obtenir les résultats les plus fiables et reproductibles possibles.
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