Il était une fois un musée…
Carnavalet avant travaux, c’était toute une histoire. Une histoire de l’art et de l’air du temps à la fois, qui racontait Paris avec la fantaisie poétique d’une chanson de rue sans âge, venue porter jusqu’à nous son accent de vérité, par des chemins plaisamment labyrinthiques entre de merveilleux plans et maquettes. À vrai dire, cette évocation de la capitale tenait plus du bazar que de l’Hôtel de Ville, mais le commerce en était des plus agréable et sans rien d’une hagiographie tendancieusement programmatique. Ces quatre longues années de fermeture, prix d’une révolution ambitieuse et soignée, livrent un tout nouvel espace muséal dont les aménagements séduisent – après en avoir inquiété d’aucuns, prêts à s’écrier, sur l’air connu, « Ils ont changé ma chanson » *. Crainte excessive : « Nous avons gardé la petite musique de Carnavalet », assure François Chatillon, architecte en chef des monuments historiques, conscient qu’il constitue « un musée que l’on habite plus qu’on ne visite » (c’est bien vrai et bien dit) mais acquis au projet de rendre lisible « ce millefeuille de l’histoire » en faisant un double pari : baser la visite sur un récit de Paris, et l’ouvrir au temps présent. Au cœur du débat demeure un lieu à jamais singulier, choisi par Haussmann pour mettre, paradoxalement, le passé à l’abri de la modernité ; un lieu vivant-rêvant sa propre histoire, qui interroge l’art de la faire et pose mieux que tout autre au monde cette question essentielle : qu’est un musée s’il ne cultive en lui l’imaginaire ?…
Les petits pas dans les grands
Exemplaire, la rénovation a mobilisé les plus attentifs restaurateurs dans tous les arts : pierre, boiseries, peinture, sculpture, ferronnerie et même verrerie, d’anciennes fenêtres ayant été rouvertes pour verser à flots la lumière, offrir une précieuse…