Le laser en parodontologie et implantologie : un plus ou un mieux ?

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Le principe de curiosité constitue la singularité du Cercle Franco-Libanais d’Implantologie et de Parodontologie (CFLIP). Loin de céder aux sirènes de l’étrange ou du merveilleux, les conférences-débats du CFLIP, présidé par le Dr Pierre Cherfane, illustrent l’attention portée aux innovations menées dans le domaine de la santé bucco-dentaire. Encore faut-il que les disciplines, les techniques, les protocoles impliqués répondent à des orientations scientifiques avérées. Conformément à cet état d’esprit, l’invité de la conférence organisée en fin d’année a répondu à cette attente en rapportant son expérience clinique vis-à-vis d’un outil tout autant porté aux nues que décrié : le laser. Le titre de la conférence interrogeait sur l’intérêt de son usage en parodontologie et implantologie.
 
Parler du laser expose au risque de défiances de la part d’un auditoire plus adepte du maniement de la lame froide et des instruments piézo-électriques. La conférence conduite le soir même de la sortie du dernier volet de la saga Star Wars n’a pas basculé du côté obscur. Peut-être parce que la devise du Cercle prône depuis toujours l’échange éclairé sur le mode : « Le conférencier attentivement tu écouteras ; sereinement le débat tu mèneras. » Et c’est donc sans démonstration de Force, mais avec conviction que le Dr Baudot a pointé l’univers laser à explorer… à des années-lumière de la science-fiction.
 
D’entrée de jeu, le Dr Fabrice Baudot a exposé son ressenti vis-à-vis de cette technologie qui offre une nouvelle approche et non une nouvelle thérapie. Ayant jeté son dévolu sur un laser Erbium-Yag, il justifie ce choix pour ses capacités à « sculpter les tissus ». Le faisceau d’énergie délivré par le laser est absorbé par les tissus ciblés. Comme tous les lasers, l’Er-Yag possède des effets photo-ablatifs et photo-acoustiques, mais se caractérise par une longueur d’onde de 2 940 nm, particulièrement bien absorbée dans l’eau et l’hydroxyapatite, ainsi que par une couche d’altération thermique inférieure à 50 microns. Autrement dit, le respect des tissus environnants qui découle de son efficacité à bas niveau d’énergie compose le caractère sécurisé de ce laser.
 
Le Dr Baudot associe son usage à des aides optiques pour répondre à une exigence mini-invasive de sa pratique parodontale et implantaire. Trop souvent perçu, selon lui, comme « une baguette magique », le laser ne peut constituer une monothérapie permettant la dépose du tartre conjointement au traitement des surfaces radiculaires. L’opérateur dispose de six paramètres de réglage du faisceau laser : l’énergie délivrée à chacun des impacts, leur fréquence, le débit d’irrigation, le temps d’exposition, la distance de travail et l’angulation du faisceau. La littérature scientifique considère les lasers comme des outils pouvant améliorer la thérapie dans un concept global de prise en charge des maladies parodontales.
 
À ce titre, l’Er-Yag permet d’éliminer l’infiltrat inflammatoire de la poche en réalisant un micropeeling de la partie interne de la poche. Il semble améliorer et accélérer le processus de cicatrisation en réduisant l’inflammation postopératoire par élimination des cytokines pro-inflammatoires et par limitation de la bactériémie tout en stimulant la croissance des fibroblastes. La détoxification de la surface radiculaire s’opère à un niveau moléculaire sans altérer la surface cémentaire. Lors de traitements parodontaux, la séquence opératoire élaborée par le Dr Baudot associe le laser Er-Yag et le recours à des dérivés plaquettaires dans le but de stimuler la plaie microchirurgicale. L’accélération de la cicatrisation limite la recolonisation microbienne et contribue à l’intégrité tissulaire en épaulant efficacement le système de défense.
L’assainissement microchirurgical assisté au laser peut ainsi constituer une troisième voie à celles ouvertes pas les thérapies parodontales non chirurgicales et chirurgicales.
 
Dans le domaine de l’implantologie, le champ d’application du laser s’étend aux tissus mous comme aux tissus durs. Lors du deuxième temps chirurgical implantaire, le dégagement du col de l’implant au laser réduit l’inconfort postopératoire des patients, accélère le processus cicatriciel, et offre une meilleure visibilité opératoire sans risquer d’endommager l’implant. Ces avantages chirurgicaux bénéficient aussi aux tissus durs que les lasers de longueur d’onde 2 940 nm et 2 780 nm permettent de sculpter sans effet thermique néfaste. Un consensus n’a cependant pas été établi concernant la supériorité d’une cicatrisation osseuse obtenue après ostéotomie au laser comparée à celle liée à l’utilisation d’une instrumentation conventionnelle.
 
Dans le domaine du traitement des péri-implantites, le laser a été précocement présenté comme « une panacée ». Si, comme pour chaque maladie, la prévention constitue la meilleure forme de traitement, la péri-implantite établie nécessite une prise en charge spécifique mais ne dispose pas de protocole universellement reconnu. D’après certaines études, l’irradiation au faisceau laser semble optimiser la décontamination des surfaces implantaires et surtout limiter l’altération de la microstructure superficielle comparée aux procédés conventionnels. Ce qui apparaît particulièrement intéressant dans le cadre de la prévention ou du traitement de la mucosite à raison de 3 séances par semaine.
 
Au-delà de l’intérêt ergonomique opératoire, le Dr Fabrice Baudot est convaincu que le laser Er-Yag constitue un plus et un mieux dans notre pratique. Sa conférence, étayée par une expérience clinique solide et une littérature scientifique qui s’étoffe ces dernières années, porte à s’en convaincre. Le laser, cet outil prometteur au service d’un concept global mérite que la recherche scientifique se saisisse du sujet afin de délimiter le champ des applications les plus pertinentes de cette technologie innovante (et donc sujette à caution) et d’élaborer des protocoles adaptés pour améliorer les résultats thérapeutiques et limiter l’inconfort de nos patients.
 
La prochaine soirée conférences du CFLIP aura lieu le 7 mars 2018 avec Joseph Choukroun : « Revenir aux fondamentaux biologiques obligatoires pour stimuler la croissance osseuse » et
Jérôme Surmenian: « A- PRF, Sticky Bone, Soft Brushing, Fast System : Faut-il tout changer ou presque pour fiabiliser et simplifier les augmentations
Renseignements : http://cflip.fr

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