L’approche sanitaire a glissé, peu à peu puis en accéléré, sous la pression de la crise du Covid-19 (qui aurait coûté en 2020, selon la Banque mondiale, près de 10 000 milliards de dollars à la planète), de la notion de « santé mondiale », centrée sur la santé humaine et ses déterminants immédiats – y compris la gouvernance et le partage des moyens médicaux – à « une seule santé ». Un glissement conceptuel qui souligne l’interdépendance entre la nature, la faune et l’Homme, avec une perspective englobante, mondiale, qui saisit les phénomènes dans leur unicité pour les comprendre et proposer des solutions politiques, sociales et de santé publique. Cette approche nécessite au passage de repenser les institutions, à l’image de l’ANRS devenue l’ANRS-MIE (pour « maladies infectieuses émergentes »), ou du programme prioritaire PREZODE (Preventing ZOonotic Disease Emergence), initiative internationale proche de l’OMS ayant pour ambition d’améliorer la prévention des maladies infectieuses émergentes d’origine animale. On peut citer d’autres applications, comme, en France, la création du comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires, présidé par le Pr Brigitte Autran, ou le think tank Santé mondiale 2030 [1].
Même s’il n’y a pas de consensus sur l’approche One Health, les termes qui y sont souvent associés sont « holistique », « intégré », « interdisciplinaire » et « coordonné ». De fait, les choses évoluent vite depuis la formulation du concept au début des années 2000, dans le sillage du SRAS, et la France s’efforce de rattraper son retard, car il n’y a, à ma connaissance, dans les universités de médecine, aucun enseignement ou programme de recherche qui porte ce libellé. Les colloques One Health fleurissent çà et là depuis peu, mais jusque-là il n’existait en France qu’un seul DIU « Infections émergentes : approche One Health » [2], créé à…