« Homme libre, toujours tu chériras la mer »
Le vers de Baudelaire résonne pour tous les amoureux de la mer et d’abord les voileux, si nombreux dans la profession. Il résume aussi l’esprit de cette grande aventure et exploit sportif extrême qu’est la course autour du monde en solitaire, sans escale ni assistance. À l’occasion de la 10e édition du Vendée Globe, qui bat tous les records de ferveur et d’audience, le Musée de la Marine explore ce face-à-face entre volontés bien trempées et milieu indomptable, et en retrace l’histoire à travers une riche documentation : objets de navigation, prêts de skippers, maquettes, œuvres graphiques, installations interactives, témoignages vidéos et bien sûr cartes. Dans le sillage des marins on suit par étapes leur progression sur les quatre océans ainsi que l’évolution de la course au fil des progrès techniques et des records pulvérisés. La course au large en solitaire a connu, depuis la fin du XIXe siècle, bien des formes, modalités, routes, hauts faits et glorieuses figures, qu’on retrouve ici. Mais il est vrai qu’elle a pris une nouvelle dimension à partir de 1989 avec la création du Vendée Globe au trajet et règles strictement codifiés. Depuis, tous les quatre ans, des femmes et des hommes s’affrontent pendant près de trois mois sur un parcours de plus de 24000 milles nautiques (45000 km), à bord de leurs monocoques de 18 mètres à trois voiles et deux foils qui volent plus qu’ils ne voguent. Aujourd’hui, un public passionné se masse aux Sables-d’Olonne pour, étonnant contraste, ovationner par centaine de milliers des solitaires. Sans négliger la portée spectaculaire de l’événement, l’exposition permet de réaliser concrètement la témérité du défi, l’importance de l’exploit. Il y a là un pari presque insensé, que résume en riant le vétéran Jean Le Cam à la veille de s’embarquer pour la sixième fois cette année : « Si une fois…