Situation
- Depuis deux semestres, je soigne la jeune Jessica. À chaque rendez-vous, sa mère l’accompagne et m’abreuve de questions. Elle se plaint de moi et hausse le ton en remettant en cause ma prise en charge. Elle me reproche de faire mal à sa fille, de ne pas la respecter en lui parlant durement. Pourtant, tout se passe bien entre Jessica et moi. Son traitement pourrait être parfaitement harmonieux si sa mère ne s’en mêlait pas.
- Je souhaite à présent que Jessica vienne seule à ses rendez-vous pour éviter les tensions, les reproches ou les altercations qui bouleversent les relations.
- Puis-je refuser à la mère d’accompagner sa fille ou, du moins, d’entrer dans la salle de soins ? Puis-je cesser le traitement de Jessica si sa maman persiste dans cette attitude ?
- Puis-je exiger la présence du papa pour la remplacer ?
- Je me demande aussi si le traitement peut être poursuivi sans en référer à la maman ?
DR Réflexions du Professeur Muriel de la Dure-Molla
Professeur des Universités, Praticien Hospitalier – Faculté de chirurgie dentaire de Paris Garancière
La prise en charge des soins chez un enfant nécessite l’implication du trio praticien-patient-parent(s). Les chirurgiens-dentistes ont plus l’habitude d’un fonctionnement bipartite avec leurs patients : cette « relation de confiance » que l’on dit souvent indispensable à la réussite du traitement. Ils se sentent donc dépourvus lorsqu’un tiers interfère dans cette relation qu’il juge centrale. Et pourtant, il n’est pas envisageable de laisser le parent sur le côté.
Comme dans tous projets impliquant plus de deux acteurs, on pourrait identifier différentes typologies de parents : les opposants, les grognons, les passifs, les hésitants, les constructifs et les aidants. Le praticien doit avoir alors la posture d’un manager pour, premièrement, identifier la typologie du parent et, deuxièmement, en faire un allié. Le but serait de…