Avance sur image
Pourquoi ce 16 septembre la photographie fêtait-elle son bicentenaire, avec trois ans d’avance sur les commémorations prévues ? Mais parce que c’est sa vraie date de naissance, assurent les organisateurs de l’exposition du Quai de la photo à Paris. La preuve : une lettre écrite ce jour-là par Nicéphore Niépce, son inventeur reconnu, qui annonce à son frère le couronnement de ses efforts. Enfin, après tant d’échecs, il est parvenu à fixer une image durable sur un support. C’est la première photo du monde. Niépce ne l’appelle pas ainsi mais « point de vue », qu’il dit avoir pris depuis la fenêtre de la chambre de son frère dans leur maison de Bourgogne. C’est dans cette pièce qu’il a fait et fera tous ses essais, exposant inlassablement à la lumière du jour divers types de surfaces recouvertes des substances les plus variées. Rien de si neuf sous le soleil, jusque-là : on connaît de toute antiquité l’image inversée qu’un trou percé dans une chambre obscure projette sur son fond. Mais personne n’a jamais réussi à la matérialiser. Lui, si, à force de raisonner et tâtonner autour d’un principe finalement simple : toute matière photosensible modifie sa composition lorsqu’elle est exposée ; ce qu’il s’agit donc de trouver, c’est le procédé chimique qui réagira aux doses de lumière reçues et en piégera les nuances par noircissement ou éclaircissement, et durcissement. Le chlorure d’argent et le bitume de Judée ont ces vertus, connues des graveurs, et c’est d’ailleurs bien des techniques de la gravure que partent tous les raisonnements et essais de Niépce. En particulier de l’eau-forte, qui fait apparaître l’image par morsure à l’acide d’un métal là où le vernis qui le recouvre est gravé pour laisser certaines zones à découvert tandis que d’autres restent protégées, avant lavage du vernis et encrage de la plaque. Sur ces bases, Niépce mise…