Allez-vous réussir à trouver une place dans votre agenda pour regarder les matches de la Coupe du Monde ?
Évidemment ! Ce sera devant la télé avec des amis, à la bonne franquette. Je pense aussi me rendre en Angleterre pour les phases finales. J’ai envie de goûter en tribunes au stress et à la joie des matches à élimination directe. Tu passes par toutes les émotions. Un rien, une erreur et tu peux rentrer à la maison.
Justement, comment la sentez-vous l’Équipe de France ?
Plutôt bien. Le deuxième match contre l’Angleterre m’a plu. Bon, tout n’est pas parfait, mais il y a de l’envie. Je vais vous dire, je la vois bien aller au bout même.
Vraiment ?
Oui, oui, avec une victoire en finale contre l’Australie. On a souvent reproché aux Bleus de manquer de folie. Sur une compétition comme le Mondial, tout est possible, les joueurs doivent se lâcher.
À 60 ans, vous restez un grand passionné de rugby…
C’est mon école de la vie. Je vais régulièrement au Stade Mayol à Toulon voir les matches. Sur la pelouse, il y a des joueurs exceptionnels. C’est grâce à la professionnalisation du rugby. Sans ça, on n’aurait jamais vu des joueurs du calibre de Johnny Wilkinson ou de Matt Giteau.
Et le RC Toulon, c’est votre club de cœur !
J’y ai fait toute ma carrière. D’abord chez les jeunes, de 1969 à 1975. Puis en Senior de 1975 à 1989. Mais le RCT que j’ai connu n’a évidemment rien à voir avec celui d’aujourd’hui.
À l’époque, la plupart des joueurs étaient du coin. Les seuls « étrangers » qu’il y avait venaient… d’Aurillac et de Toulouse ! Maintenant c’est l’inverse, les Toulonnais sont en minorité. Quand j’étais président du RC Toulon, de 2000 à 2003, j’ai adoré cette métamorphose. Le rugby en avait besoin.
Vous avez mis un terme à votre carrière en 1989, à 34 ans. C’est parce que le corps a dit stop ?
Voilà. Il fallait que je m’entraîne toujours plus pour rester au même niveau. J’arrivais à saturation. Je ne pouvais plus mener de front ma carrière de rugbyman et celle de chirurgien-dentiste. Un jour, j’ai même refusé une tournée en Australie. Les temps ont changé. C’est aujourd’hui impossible de faire deux métiers. À mon époque, c’était courant.
Comment vous organisiez-vous ?
Je commençais le matin à 7h45. Entre midi et deux, je faisais de la muscu ou un footing. Le soir, je m’entraînais jusqu’à 21h30. Mon frère, lui aussi praticien, prenait la relève. Et le week-end, au lieu de me reposer, je partais en déplacement à l’autre bout de la France. Il y avait six ou sept heures de car pour arriver à Agen, Bayonne…
Vous avez ouvert votre cabinet à Toulon début 1979. Donc pendant votre carrière de joueur de rugby. Vos patients le savent-ils ?
Certains oui. Avec eux, je discute évidemment de rugby. On parle du match du week-end précédent, de celui qui arrive. En revanche, pour les plus jeunes, je suis juste « Monsieur Gallion, le dentiste » !
Il faut dire que vous ne faites rien pour le montrer…
C’est un choix. Dans mon cabinet, je ne veux pas que des éléments rappellent qui j’étais avant. Je souhaite rester discret. Il faut séparer les deux choses. Vous trouverez seulement une photo, dans le couloir. Celle où on brandit le Bouclier de Brennus de Champion de France, en 1987, avec le RC Toulon.
Rien non plus sur vos 27 matches sous le maillot du XV de France ?
Rien. Je n’ai pas envie de m’étaler. D’ailleurs, mes profs de l’époque à la fac dentaire de Marseille ne savaient même pas que je jouais au rugby.
Et pour l’anecdote, vous êtes même parti en tournée en Argentine trois jours seulement après l’obtention de votre diplôme en juin 1977…
C’est un moment incroyable ! C’était ma première tournée, je ne connaissais strictement personne. En fait, j’ai dû remplacer plusieurs demis de mêlée qui n’ont pas pu venir, comme Richard Astre. Je jouais aux côtés de Jacques Fouroux.
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