Influence de la recoulée sur la qualité des alliages dentaires : revue de littérature

  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire
Information dentaire

Les industriels des alliages dentaires recommandent de ne pas réutiliser d’alliage déjà coulé. Cependant, pour des raisons principalement économiques, au sein des laboratoires de prothèses, les restes de coulée (masselottes notamment) sont souvent réemployés pour couler de nouvelles pièces prothétiques. Pour ce faire, on ne recycle qu’une certaine proportion d’alliage en complétant par de l’alliage de première coulée. Cette pratique demeure controversée parmi les professionnels, et aucun protocole clair ne fait consensus dans la littérature scientifique.
Une revue systématique de la littérature a été conduite en utilisant la stratégie Cochrane. Sur les 778 articles retrouvés par mots clés dans les différentes bases de données, 34 études parues entre 1983 et 2014 ont été incluses et analysées. Le nombre de recoulées étudiées variait entre 1 et 10, en ajoutant un pourcentage variable d’alliage neuf : entre 0 et 100 % selon les auteurs, avec une moyenne de 50 %. Cette recommandation empirique trouve son origine dans la découverte de la disparition de certains éléments secondaires (Cu, Zn, Fe) au fur et à mesure des coulées successives.
En ce qui concerne le traitement des alliages à recouler, un consensus se dégage pour les alliages base cobalt : sablage à l’alumine (Al2O3) puis immersion durant 15 minutes dans de l’eau régale. En ce qui concerne les alliages nobles, toutes les études recommandent la nécessité d’un sablage de la surface des pièces réemployées avant toute recoulée.
De nombreuses études ont démontré l’influence négative des coulées successives en termes de corrosion ou de cytotoxicité, notamment due à la disparition des éléments secondaires potentiellement cytotoxiques : les auteurs concluent sur l’innocuité de trois recoulées, mais mettent en garde sur les suivantes. En revanche, aucune influence négative n’a été signalée en ce qui concerne la couleur de la céramique une fois cuite sur des alliages en partie recoulés. En ce qui concerne la coulabilité, et l’adaptation marginale des restaurations finies, on ne relève pas non plus de variation négative due aux recoulées.
L’adhésion de la céramique sur les alliages recoulés semble être de moindre qualité qu’avec des alliages neufs, principalement après trois recoulées, ce qui invaliderait cette pratique.
Les nombreuses études portant sur l’influence des coulées successives sur les caractéristiques mécaniques des alliages recoulés démontrent que ces propriétés sont affectées, mais pas forcément négativement ; on retrouve notamment une plus grande hétérogénéité au niveau microstructural, avec des inclusions de porosités. Les valeurs de résistance mécanique, tout comme celles du module d’élasticité, sont légèrement plus faibles pour les alliages recoulés, mais restent tout à fait dans les normes acceptables.

Que faut-il retenir ?
– Aucune recommandation émanant de sociétés savantes ne se dégage dans la littérature.
– L’addition d’un maximum de 50 % en masse d’alliage recoulé dans un nouvel alliage, qui correspond à l’usage communément adopté chez les prothésistes dentaires, n’est validée par aucune étude expérimentale et/ou théorique de l’influence des recoulées sur la tenue mécanique des prothèses dentaires.
– Une majorité d’auteurs recommandent un maximum de 4 recoulées, mais sans justification réelle.
– Aucun consensus ne se dégage de la littérature scientifique. Des études seront nécessaires pour conclure sur l’éventuelle innocuité des recoulées d’alliages dentaires.

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