Commission scientifique et de la recherche
Les changements récents dans l’antibioprophylaxie de l’endocardite infectieuse aux États-Unis et en Europe ont sensiblement réduit le nombre de patients pour lesquels une antibioprophylaxie est recommandée. À l’heure actuelle, en France, seuls les patients à haut risque d’endocardite infectieuse requièrent une antibiothérapie prophylactique pour toute procédure pouvant entraîner une bactériémie significative. Au Royaume-Uni, en mars 2008, l’Institut national pour la santé et l’excellence clinique (NICE) est même allé jusqu’à recommander une cessation complète de l’antibioprophylaxie pour la prévention de l’endocardite infectieuse. Les auteurs de cet article ont analysé de manière rétrospective l’effet de cet arrêt brutal sur le nombre de cas d’endocardites déclarées par les structures hospitalières anglaises, cela sur une période de treize ans, allant de 2000 à 2013. Les résultats ont montré une baisse drastique de la prescription d’antibiotiques, passant de 10 900 à 2 236 prescriptions par mois ; se basant sur les chiffres de déclaration de 2000 à 2008, la tendance de survenue d’une endocardite a été évaluée à 0,11 cas pour 10 millions d’habitants. En mars 2013, 35 cas par mois ont été signalés en plus de ce qui aurait été attendu si l’on avait suivi les prévisions de cette tendance. Un autre résultat important de cette étude montre que cette augmentation de l’incidence de l’endocardite était aussi importante pour les individus à haut risque d’endocardite infectieuse que pour ceux à faible risque.
Bien que leurs données n’établissent pas un lien de causalité, il est tout de même mis en exergue que l’incidence de l’endocardite infectieuse a considérablement augmenté en Angleterre depuis l’introduction des directives de NICE 2008.
Commentaire
Cet article, publié dans une revue de prestige (The Lancet), ne permet néanmoins pas de donner de conclusions formelles, certaines d’entre elles pouvant être sujettes à caution. Divers facteurs de confusion pourraient expliquer une incidence accrue de l’endocardite infectieuse indépendamment de tout changement dans les lignes directrices de l’antibioprophylaxie. Le changement pourrait être causé, par exemple, par une augmentation du nombre de personnes à risque d’endocardite infectieuse résultant de plusieurs facteurs : vieillissement de la population, augmentation du nombre de patients ayant bénéficié de l’implantation de dispositifs intracardiaques, augmentation de la prévalence du diabète, etc. Il n’y a également aucun argument prouvant qu’il s’agit d’endocardites ayant pour origine une bactériémie à streptocoques buccaux…
Commentaires